BARBIE de Greta Gerwig

Un peu que je vais parler de Barbie !

Je l’ai vu deux fois. Deux fois. Twice. Zweimal (désolée, j’ai pas fait espagnol deuxième langue).

J’ai joué aux Barbies quand j’étais petite. Beaucoup. Elle était canon, avait une multitude de fringues magnifiques que je n’aurais pas osé porter dans la vraie vie et, dans mes jeux, elle n’était jamais ni ridicule, ni apeurée, ni complexée (tu m’étonnes 🤪). Au contraire, elle essayait tout, découvrait tout et notamment le sexe. Barbie a été mon premier support d’éducation sexuelle à une époque où il n’y en avait pas. Je l’ai faite embrasser et coucher avec Ken, avec une autre Barbie et puis tout ça en même temps. Pour une poupée sans vagin, pas si mal que ça 😉

J’avais le salon Barbie désormais estampillé vintage. Elle avait des verres à cocktail planqués dans la table basse et la télévision couleur 🤩 (et ça pour moi, c’était le graal). Bref, une poupée parfaite à la vie parfaite.

Mes filles y ont joué mais beaucoup moins puis, lentement mais sûrement, Barbie a disparu des radars de ma vie passant de poupée fétiche à poupée ringarde et totalement hors-sol.

Le film Barbie

Il était annoncé depuis de nombreux mois et les premières photos du tournage m’ont confortée dans cette opinion. Barbie et Ken, total fluo, en train de faire du roller en Californie. Ça sera sans moi.

Et pourtant. WOW !!!

Bon sang que ce film est malin et à plus d’un titre. Du féminisme en veux-tu en voilà et à tous les niveaux. Attention, spoiler !

Tout d’abord, ce qui m’a le plus marquée, c’est l’auto-dérision dont fait preuve Mattel. Ou plutôt la critique que l’entreprise a accepté de la part de la réalisatrice Greta Gerwig. WOW ! Ils ont laissé passer ça ? Chapeau ! Au travers Mattel, Greta dénonce la capitalisme patriarcal (pléonasme) : une entreprise créée par des hommes, dirigée par des hommes avec pour seul objectif, une course effrénée au profit. J’ai toujours pensé que l’humour et plus particulièrement l’auto-dérision, bien maniés, sont les armes parmi les plus puissantes. Et là, c’est peu de dire que c’est bien manié. Le problème vous saute aux yeux, vous fait rire et finalement, qu’est-ce qu’on les trouve faibles, ces hommes tout puissants. Entre l’équipe dirigeante (Will Ferrell 🤩), exclusivement masculine, complètement décérébrée et obnubilée par les ventes ou encore les salariés (que des hommes), asservis et consciencieux, travaillant dans un cadre orwellien. C’est tout notre système qui est dénoncé et moqué. 

Mais la critique du patriarcat ne s’arrête pas là.

Le film montre ce que les femmes subissent tous les jours : les agressions verbales (oh ça va hein ?! Si on peut plus draguer), les agressions physiques (oh ça va hein ?! C’est qu’une main au cul), les regards bien lourds des mecs en meute (oh faut se détendre hein ?! Si on n’a plus de doit de regarder).

Ce patriarcat qui tire sa puissance de l’oppression mais n’est rien sans l’opprimée. La femme doit rester à sa place, celle qu’il lui a assignée, sinon tout l’équilibre est rompu et il y a danger. Et comme tout organisme vivant, le patriarcat se défend plus ou moins violemment.

Oulala, comme elle y va la bibliothécaire ! Not all men hein ?! (oui, je fais les dialogues 🤪).

Not all men (HA HA HA). Mais bien sûr que si ! C’est le dogme dominant que nous respirons tous, hommes et femmes. Car même les femmes le nourrissent, ce système, tellement elles baignent dedans depuis des millénaires. Laisser filer certaines attitudes ou réflexions, ne pas s’habiller trop court et j’en passe. Se fondre, ne pas TROP attirer les regards, ne pas provoquer, ne pas réagir TROP agressivement. Heureusement, les lignes bougent et ce film en est la preuve.

Il est si génial que ça ?

Il est jubilatoire 🤩, bourré de références et le casting est impressionnant.

Il parle de nous. Des femmes bien sûr mais aussi des hommes. Et la phrase de fin 😍 ! Mais love sur Greta !

Bien sûr, c’est sucré. C’est Barbie. Mais ne vous y fiez pas, ça picote.

Oui, y’a quelques discours qui auraient pu être mieux amenés. Mais ils ont le mérite d’exister et de formaliser clairement les choses.

Non, il n’apporte pas de solution, c’est un film, juste un film, pas un Grenelle sur la condition des femmes. Mais il file une pêche incroyable.

Alors, si vous faites partie des rares à ne pas l’avoir vu, je ne peux que vous conseiller de vous ruer sur le DVD ou le streaming.

BOILLY, C’EST PARIS ! Chroniques parisiennes au musée Cognacq-Jay

Qui est déjà allé au musée Cognacq-Jay ? Qui ?

Ben pas moi !

Pour moi, Cognacq-Jay, c’était Léon Zitrone et son célèbre « À vous les studios, à vous Cognacq-Jay ». En aucun cas, ce n’était un couple de philanthropes, passionné d’art du XVIIIè siècle et fondateur des grands magasins de la Samaritaine.

Je cherchais une exposition à faire, sans vrai cahier des charges. Seule contrainte, ne pas être dans la foule. Exit donc, les Louis Vuitton et autres Louvre. C’est alors que je tombe sur la peinture choisie pour représenter l’exposition « Boilly, chroniques parisiennes ».

Il s’agit d’un autoportrait de l’artiste. Il a une bouille très sympathique, ça va parler de Paris, je ne connais pas ce musée. GO !

C’est qui, d’abord, Boilly ?

Originaire du nord de la France, il arrive à Paris en 1785. Il ne partira plus. Il traversera la révolution et différents régimes, tout en conservant son amour des gens et son mordant. Autodidacte, il va chroniquer visuellement la capitale avec humour et amour. On découvre un Paris inconnu, la prison des femmes (bâtiment aujourd’hui disparu), l’arrivée des diligences, les grands boulevards, les cafés. Tout est spectacle, il croque les bourgeois comme les indigents (cette peinture où les pauvres se pressent à une représentation de théâtre gratuite sous l’oeil amusé des bourgeois 😱). Ses tableaux sont vivants, expressifs, on a l’impression d’y être, on sent l’énergie nous traverser. Il aime Paris, ses excès, ses travers, ses beautés.

Plein les mirettes !

L’oeuvre de Boilly est foisonnante. Cela va de la peinture classique, aux portraits, en passant par les caricatures, les trompe-l’oeil et les illusions d’optique. C’est jubilatoire ! Ce type était d’une curiosité insatiable et un vrai touche-à-tout.

Loin des peintures classiques reproduisant scènes de batailles et grands du monde, il croque la vie quotidienne. Un vrai documentaliste. En cela, son oeuvre est riche en enseignement sur l’époque.

L’art du portrait est à son apogée. Il va créer un format unique, sorte de miniature qu’il peut finaliser en 2H, et ainsi réaliser le portrait de plus de 5000 parisiens, toutes classes confondues. Publicitaire avant l’heure, il « markete » ses propres oeuvres, valorisant sa signature avec différents effets. Sa série « Grimaces » met l’emphase sur les expressions humaines (rire, dégoût, avarice, colère et bien d’autres). C’est juste, c’est mordant, c’est jouissif !

Il s’intéresse aussi aux sciences, à la photographie naissante et propose des oeuvres étonnantes et pleines d’entourloupes.

N’ayons pas peur des mots, ça ne mord pas. C’est une des expositions les plus instructives et enthousiasmantes que j’ai faite dernièrement. Et pourtant, je ne suis pas XVIIIè siècle. Et pourtant, en sortant du musée, encore remplie de ses merveilles, je découvre qu’on m’a volé mon vélo. Ce qui en fait l’exposition la plus chère de mon existence… mais je ne regrette pas (même si j’ai maudit mon voleur ou ma voleuse et promis de lui éclater sa face contre le bitume 😈).

Si vous avez l’occasion, foncez tête baissée, je m’en porte garante 🤪. C’est jusqu’au 26 juin.

Psssst ! Allez-y en métro ou avec un bon antivol !

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