VIETNAM / LES BONNES CONDITIONS / CORLEONE LE PARRAIN DES PARRAINS

Attention : cet article comporte une ENOOOOORME déclaration d’amour à Arte 😍

Cette chaîne me donnerait presque envie de demander la nationalité allemande ! La programmation est toujours dingue, des sujets variés auxquels vous n’auriez même pas pensé, d’autres que vous attendez depuis toujours… Et cet été, Arte a fait fort.. Une corne d’abondance de pépites ! Parmi les documentaires sous-titrés (plus simple pour savoir de quoi je parle 🥳), je vous en ai sélectionné 3.

VIETNAM de Ken Burns et Lynn Novick

Sur ce sujet, je pars de loin et ma marge de progression est assez vertigineuse.

Je savais que :

  • l’Amérique s’y était embourbée et en reste traumatisée (bourbier et traumatisme relayés, esthétisés, dramatisés par des films cultes tels Voyage au bout de l’enfer, Apocalypse Now, Platoon, La Déchirure, Full Metal Jacket et bien d’autres pour ne parler que de cinéma).
  • il y avait une vague histoire de Vietnam Nord contre Vietnam Sud
  • il y avait aussi une vague histoire de lutte contre le communisme.

Bref, je ne sais rien ! Zou ! En route pour 9 épisodes de 50 minutes (on est la Queen de la géopolitique ou on ne l’est pas 👸🏻). Dire que cette série documentaire est ambitieuse est un euphémisme. Des images d’archives inédites, des enregistrements secrets, des témoignages aussi bien de militaires, politiques, rescapés, familles, reporters. Et c’est effrayant (et hypnotique de voir à quel point les erreurs se répètent inlassablement) car tous, qu’il soient vietnamiens ou américains, soldats ou stratèges, pacifistes ou va-t-en-guerre, politiques ou citoyens… Tous disent la même chose… Cette prescience générale dès le début qu’il ne fallait pas y aller, qu’il n’y aurait pas de vainqueur, que cette guerre n’était pas une « bonne » guerre, celle où l’Amérique défend triomphalement les valeurs du bien contre le mal. Le communisme était même à la limite de l’anecdotique au début du conflit. Il s’agissait juste d’un peuple voulant son indépendance. Mais, rongée par son anti-communisme atavique, l’Amérique n’a rien vu ou voulu voir.

J’apprends pêle-mêle les origines du conflit (guerre d’Indochine), les turpitudes de de Gaulle (whouuuu qu’il a été vilain le Général 😡), le soutien américain à Hô Chi Minh en pleine guerre mondiale (si, si !), l’engrenage qui se met en place peu à peu, les mauvais choix, la corruption, les promesses non tenues, les jeunes que l’on sacrifie en toute connaissance de cause, les massacres… et la confirmation que si l’ensemble des présidents américains étaient des lâches, Nixon était réellement le salaud que l’Histoire en a fait.

Dernière info à la marge. Ken Burns, un des réalisateurs de ce documentaire, n’est pas un total inconnu. Il a donné son nom à un effet de travelling sur images fixes que l’on retrouve dans iMovie… Non parce qu’il l’a inventé (c’est un opérateur de Louis Lumière qui a inventé le premier travelling de l’histoire) mais plutôt largement démocratisé dans ses documentaires.

LES BONNES CONDITIONS de Julie Gavras

Changement total de décor ! La réalisatrice a suivi huit adolescents des beaux quartiers, pendant 13 ans, de leur terminale jusqu’à l’aube de leur trente ans, au rythme d’une rencontre par an. Ils habitent tous le 7ème arrondissement de Paris et n’en sortent que très rarement. Leurs parents sont bijoutiers, directeurs financiers, publicitaires. Ha ha ha, c’est parti pour une séance d’antrophologie de gosses de riches ! Forcément, pétrie de préjugés comme je suis, je démarre le visionnage d’un oeil goguenard (je fais très bien l’oeil goguenard 🤪), pensant que le summum de leurs problèmes existentiels doit être de choisir entre l’ENA et Polytechnique 🥳.

Honte sur moi 😳 ! Je découvre des jeunes sympathiques, drôles, touchants, conscients de leur chance… qui tâtonnent, adhèrent à leur milieu ou résistent. Plus que la légèreté de l’aisance financière, c’est le poids de la transmission qui se fait sentir. Transmission de valeurs, de patrimoine, d’une lignée, d’une histoire. C’est aussi des accidents de vie, de parcours, des prises de risques…

Ces portraits sont tous précieux, émouvants. Tout est filmé sobrement, sans voyeurisme. Du Strip-Tease de la grande époque, qui vous fait aimer les gens, vous enlève vos idées reçues, bref vous rend un chouïa meilleur. Si en plus vous êtes parents de grands adolescents, je ne peux que vous encourager à regarder ce documentaire avec eux !

CORLEONE LE PARRAIN DES PARRAINS de Mosco Levi Boucault

Deux parties, ce n’est pas de trop pour retracer l’ascension et la chute de Totò Riina, un des parrains les plus célèbres et sanguinaires de Sicile.

Et mon festival de culture générale continue ! J’apprends donc que Corleone n’est pas le nom d’une famille mais d’un village, que la Sicile est le vrai berceau de la mafia, que ses origines remontent, à priori, au XVIIIème siècle et bien d’autres choses…

Quelle ironie de voir ce vieillard se présenter comme un pauvre et honnête paysan, attaché aux valeurs chrétiennes, qui n’a jamais dévié des enseignements de Dieu. Une belle ordure oui 👿! N’en déplaise aux nostalgiques qui s’accrochent à leur vision romantique de la Cosa Nostra : le code d’honneur, les dettes, la loyauté, le respect, la famille et tout le tintouin… La vérité, c’est de la brutalité pure, des exécutions sommaires, des tortures, des corps dissous dans l’acide… juste la loi du plus fort, l’appât du pouvoir, rien à voir avec l’honneur.

Témoignages de repentis, de procureurs, images d’archives, vous êtes happé par cette histoire et surtout en admiration totale devant les rares qui ont osé se dresser contre la pieuvre.

CHANSON DE LA SEINE de Jacques Prévert

Back to Paris !

La Seine a de la chance
Elle n’a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et elle sort de sa source
Tout doucement, sans bruit…
Sans sortir de son lit
Et sans se faire de mousse,
Elle s’en va vers la mer
En passant par Paris.


La Seine a de la chance
Elle n’a pas de souci
Et quand elle se promène
Tout au long de ses quais
Avec sa belle robe verte
Et ses lumières dorées
Notre-Dame jalouse,
Immobile et sévère
Du haut de toutes ses pierres
La regarde de travers


Mais la Seine s’en balance
Elle n’a pas de souci
Elle se la coule douce
Le jour comme la nuit
Et s’en va vers le Havre
Et s’en va vers la mer
En passant comme un rêve
Au milieu des mystères
Des misères de Paris

SI JE MOURAIS LÀ-BAS de Guillaume Apollinaire

Si je mourais là-bas sur le front de l’armée

Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée

Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt

Un obus éclatant sur le front de l’armée

Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace

Couvrirait de mon sang le monde tout entier

La mer les monts les vals et l’étoile qui passe

Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace

Comme font les fruits d’or autour de Baratier

Souvenir oublié vivant dans toutes choses

Je rougirais le bout de tes jolis seins roses

Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants

Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses

Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

Le fatal giclement de mon sang sur le monde

Donnerait au soleil plus de vive clarté

Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde

Un amour inouï descendrait sur le monde

L’amant serait plus fort dans ton corps écarté

Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie

— Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie

De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur —

Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur

Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

Ô mon unique amour et ma grande folie

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