ANEANTIR de Michel Houellebecq

Quel drôle de livre que celui-là.

C’est mon deuxième livre de Houellebecq donc je suis loin d’être une spécialiste.

Mais : un premier tirage de 300 000 exemplaires + un joli objet (relié, à la couverture cartonnée, au format atypique avec un marque page rouge) + un des livres les plus attendus en France ET en Europe + une seule interview accordée + un plan de lancement digne du dernier iPhone + une fuite sur le net façon Panama Papers = je m’attends à du lourd.

C’est parti !

Ça se passe en France en 2027 en pleine campagne présidentielle. Ça commence comme un thriller. De mystérieuses vidéos essaiment sur le net. Hétérogènes, étranges, inquiétantes. Les Renseignements sont sur le coup. Ça pourrait empirer. Spoiler : ça va empirer. Comme il faut bien personnifier l’action côté « pouvoir », c’est sur Paul Raison que ça tombe, un conseiller de l’ombre comme il en pullule dans les arcanes du gouvernement. Pas n’importe lequel non plus, c’est un proche confident du ministre de l’économie Bruno Juge. Paul Raison a une certaine épaisseur ou du moins Michel va lui en donner en nous immiscant dans sa vie.

C’est un livre parallèle.

Il y en a plusieurs.

Dans le récit d’abord. Un parallèle entre des évènements terroristes mondiaux et une histoire intime, humaine, l’histoire d’une vie. Le chaos du monde et le chaos d’une vie.

Dans le rythme ensuite. Un parallèle entre réalité et rêves assez déroutant. J’ai absolument rien capté aux rêves 🤪. Heureusement pour moi, il y a plus de réalité que de rêves.

Tout cela est juxtaposé sans vraie rencontre, avec des liens un peu surfaits, artificiels.

Et donc ?

C’est un roman qui accroche. On le commence, on le finit. On veut savoir comment la grande et la petite histoire vont se terminer. On veut savoir si le monde et Paul vont être sauvés.

Le style est addictif, un mélange efficace de réalisme, de cynisme détaché et d’humour mais pas que. Il y a de la tendresse, beaucoup même, de la mélancolie et une recherche d’apaisement.

L’idée c’est qu’à force de se perdre dans le monde, on en a oublié l’essentiel, la sphère intime, source de rédemption et de salut. Michel vieillit, Michel s’assagit, Michel devient comme tout le monde.

C’est mystérieux l’alchimie d’un livre. Dans celui-ci, il y a plein d’ingrédients et le chef pour avoir un plat 3 étoiles. Au final, on se retrouve dans une bonne brasserie. C’est bon, de qualité, mais classique.

Je n’ai pas perdu mon temps quand même !

Tout d’abord, à tous ceux qui voient Michel comme un être éthéré et hors sol, sachez :

  • qu’il connaît parfaitement le métro parisien (soit il le pratique soit il a fait d’énormes recherches sur le sujet 🤪).
  • qu’il ferait un redoutable agent immobilier (à 2 doigts de m’installer à Bercy après avoir lu son livre).

Et j’ai gardé le meilleur pour la fin !

Saviez-vous qu’on pouvait faire des choses avec urbanité ? Je répète : avec ur-ba-ni-té ???

« Paul sourit avec urbanité », « … il fut d’ailleurs traité avec une urbanité parfaite » 😵‍💫.

Je me suis d’abord dit que Michel en avait tellement plus rien à foutre de rien qu’il se mettait à inventer des expressions. Puis j’ai vérifié. Bon sang, ça existe 😱!

J’ai vécu tout ce temps sans le savoir.

Je vous souhaite une bonne lecture, avec urbanité !

LETTRE À MA MALADIE

Dermatopolymyosite. Le diagnostic vient de tomber. Dehors, c’est une chaude journée d’août. Les rues sont désertes. Je regarde la chambre d’hôpital. Je devrais être ailleurs. Dans la maison de famille, en famille, avec pour seule préoccupation, savoir si je me lève ou si je flemmarde encore au lit.

Dermatopolymyosite. Ça tourne à vitesse grand V dans ma tête. Ça doit pas être bien méchant, « Dermato » c’est un truc de peau, ça. Une crème, 2/3 cachets et hop, c’est réglé ! Bizarre quand même que tous mes muscles me fassent mal à en chialer. Bizarre aussi, la tête du chef de service. Cette façon qu’il a de me parler avec précaution, comme si j’allais me casser. Il choisit ses mots, les plus simples et anodins possible. Des mots qui cherchent le trajet le plus court de sa bouche à mon cerveau. Il est pas tombé sur une mauvaise cliente, du genre qui s’effondre. Il est tombé sur pire. Celle qui veut pas comprendre, qui s’obstine, qui continue de croire que la vie est une fête, qui blague. « Moins d’un cas sur 100 000 personnes, c’est le moment pour moi de jouer au Loto, ah ah ah » ! Regard et sourire gênés. Pauvre conne !

Bon, OK, c’est la merde, mais ça se soigne, non ? Y’a un traitement ? Je me tape le Téléthon depuis 30 ans, ils ont bien trouvé un truc les chercheurs, non ? Non ? NON ?

Silence. « C’est une maladie capricieuse ». Je sens l’énervement poindre. Est-ce qu’il peut s’exprimer clairement ? Pas comme un pédiatre qui vous parle du petit dernier.

Puis, j’entends vaguement « à vie », « imprévisible », « crise », « protocole », « examens », « biopsie », « suivi constant », « cortisone », « évolution ».

Je suis déjà plus là, je nage dans une mer d’huile, je nage de toutes mes forces. Il essaie de capter mon attention, « ça va ? ». « Super, et vous ? ». Je reviens sur le rivage. Je pense au mari, aux filles. La priorité c’est de préserver les filles, continuer de déconner « ah ah ah, c’est pas une maladie au nom de merde qui va m’abattre ». Elles veulent annuler leur projet de vacances. « Surtout pas ! Tout va bien, je pète le feu ! ». Qu’elles soient le plus loin possible, au soleil, à rire, à draguer, à danser. Pour elles. Pour moi. Ne pas les avoir dans les pattes, à les rassurer.

Dermatopolymyosite : nom féminin. Maladie auto-immune qui attaque la peau et les muscles. Au Scrabble, ce serait le jackpot de points. Dans la vie, c’est plutôt du genre à vous en enlever. 

Je passe mes journées à faire des examens. Mes bras sont couverts de bleus ; prises de sang, perfusion. Je blague avec les infirmières. Je ne sais faire que ça. Plus aucune pudeur, les fesses à l’air sous la blouse. Je m’en fous. Pourtant, ça défile : infirmières, internes, aide-soignants. Pensez, une Dermatopolymyosite, c’est pas tous les jours. En train de devenir la mascotte du service. « Ça fait plaisir, vous gardez votre bonne humeur, vous tenez le coup ». Ben oui les gars, j’ai eu de l’entraînement avec ma surdité. S’il y en a une qui était prête à se recevoir un scud, c’était moi. Mutualiser c’est rentabiliser. Envie de hurler.

Les jours passent. Je vais sur Google, sur les forums, histoire d’en savoir plus, si par hasard y’aurait pas une potion miracle qui aurait échappé aux médecins, genre « la tisane au fenouil qui est venue à bout de la maladie ». Ben non, c’est une litanie de symptômes sans remède, de nouveaux fraîchement atteints qui transpirent la trouille et d’anciens combattants qui parlent d’optimisme. J’arrête. Je veux pas être comme eux. Je suis pas comme eux. Je suis exactement comme eux.

Les examens continuent, parfois dans des hôpitaux différents. En train de me faire tout le système hospitalier d’Ile de France.

Je mange comme 4. C’est la seule chose qui me reste. Même le petit vieux dans la chambre à côté marche plus vite que moi. L’infirmier m’emmène aux examens en fauteuil roulant. Quand les couloirs sont vides, il accepte de courir. Le rire, spontané, presque enfantin.

Je flotte, je me laisse porter. Ça tombe bien, on me demande rien, juste d’être docile. « Respirez, ne respirez plus », « Attention, je pique, ça risque de faire mal », « Ne regardez pas, vous allez sentir comme une morsure », « Ne bougez pas, c’est juste un mauvais moment à passer ».

Je découvre que je ne suis pas si douillette que ça finalement. Trouillarde, oui.

Dermatopolymyosite. Les jours passent. Viennent la colère, la rage. Ça vous monte du ventre jusqu’à la gorge. Certains moments, je ne suis que ça. Pourquoi ? Hein ? Y’a quelqu’un là-haut ? C’est quoi l’idée ? J’ai déjà une croix, je suis sourde, ça suffit pas ? Mon dossier est coincé en haut de la pile ? C’est ça ? Vous croyez que les épreuves, ça va me faire grandir ? Ben, vous vous êtes trompé de chaland, moi, les épreuves, ça me fait chier, juste chier. La vertu pédagogique des emmerdes, les fameux « J’en suis sortie grandie », « ce qui ne te tue pas te rend plus fort » et autres « y’a toujours du positif à en tirer », ça c’est pour la forme. Le genre de phrases qui hurlent l’impuissance, qui dégueulent la douleur retenue, qui essaient de remettre de la justice là où il n’y en a pas.

Et puis, il y a LA PHRASE, celle qui tue le game, qui clôt tout. La phrase de l’acceptation forcée, la phrase au double effet Kiss Cool. Celle censée vous remonter le moral et relativiser la situation, des fois que l’idée vous prenne de jouer les martyrs. « Tu sais, ça aurait pu être pire ». Même moi, je m’en abreuve. « C’est un cancer foudroyant ? Non ! Bon, alors ». Au cas où tu aurais envie de te plaindre, de te laisser aller. C’est sûr que par rapport au cancer foudroyant, je peux pas lutter. C’est même limite une bonne nouvelle, cette Dermatopolymyosite. Un truc à célébrer, à chérir. Ne pas oublier de remercier le ciel.

Les jours passent. Visite quotidienne du chef de service flanqué des internes. « Comment ça va aujourd’hui ? ». Envie de lui répondre que j’en ai marre de tout ça, je veux sortir, retrouver ma vie d’avant, celle où j’étais en bonne santé et je le savais pas. Au lieu de ça, je souris, toujours. « Bien ». Bien ??? Mais quelle conne ! J’arrive à peine à marcher, j’ai besoin d’aide pour m’habiller, j’ai mal partout. Mais non, je vais bien ! Il sourit, hésite. Je commence à connaître cet air. Petit rituel, raclement de gorge, il pose sa voix. « Il semblerait que ce soit une crise sévère, une forme aigüe de la maladie ». Je ne réagis pas. Pourquoi je ne suis pas surprise ? Il enchaîne « Ne vous inquiétez pas, on va trouver le traitement pour calmer cette vilaine crise ». Vilaine, capricieuse, décidément cette maladie est une sale gosse.

Dermatopolymyosite. Maladie imprévisible, qui leade, qui décide de l’intensité et du timing. Maladie « capricieuse », « vilaine », comme si les termes pouvaient adoucir le diagnostic. Comme si on parlait d’une fillette, pas bien méchante, juste espiègle, qu’on va mater facilement. Ça veut juste dire que tu es à sa merci, quoique tu fasses. Mets toi bien ça dans le crâne : tu contrôles rien, c’est elle la Boss. Elle te quittera jamais. Elle te colle aux basques comme un atavisme.

Les jours passent. Les éléments de langage ont été distribués à toute l’équipe médicale. « Faut penser à l’après », « faut pas baisser les bras » (quelle ironie pour quelqu’un qui n’arrive plus à les lever), « faut marcher »,  » faut lutter », « faut rien lâcher ». Il faut, il faut, il faut. J’ai l’impression qu’ils parlent d’une guerre qui n’est pas la mienne.

Dermatopolymyosite : muscles qui se rétractent, corps qui se replie, petite chose recroquevillée sur le lit en position fœtale. Et la douleur, toujours là. Tentation de dormir. Tout le temps. Dans mon sommeil, je me déploie. Dans mon sommeil, la maladie n’existe plus, je n’ai plus mal.

Les jours passent. Les traitements aussi. Je remarche. De mieux en mieux puis comme avant ou presque. Mon monde s’élargit, je vais à la cafétéria de l’hôpital, sur la terrasse. Au loin, je vois la Défense, la Tour Montparnasse. Là-bas, la vie continue, ça court, ça crie, ça rit, ça boit des coups en terrasse. J’imagine leur journée, trop courte pour tout faire rentrer. A l’hôpital, c’est une petite vie, rythmée par les repas, les examens. Tout tourne autour de votre corps, vous n’êtes plus que ça, un appareil physiologique qui dysfonctionne, une machine à l’obsolescence programmée.

Puis, un jour vient la sortie, ou plutôt la liberté sous caution. J’ai décidé de la mener, cette guerre finalement, pas le choix. Avant, je parlais à Dieu, maintenant, je parle à ma maladie. Toujours aussi inefficace mais au moins ma maladie existe.

Tu veux jouer ? Jouons ! Tu veux danser ? Dansons ! Les yeux dans les yeux. J’apprends à te supporter, je t’observe, à l’affût des moindres signes. Je t’insulte aussi. Je te mets au défi. Je négocie. Je t’implore. On va finir par devenir un vieux couple, toi et moi. Je me demande même si je ne vais pas finir par t’aimer.

LAISSEZ-MOI de Marcelle Sauvageot

Pourquoi ?

Depuis que j’ai lu ce texte, je n’éprouve que des mauvais sentiments… Jalousie de ne pas l’avoir écrit, regret de ne pas l’avoir lu plus tôt, colère de ne jamais avoir entendu parler de Marcelle….

C’est d’abord (comme souvent) sa couverture qui m’a attirée. La photo est célébrissime (Les plongeursGeorge Hoyningen-Huene) mais surtout trompeuse. Un couple en maillot de bain, pose de profil en nous tournant la tête, assis sur ce qui semble être un plongeoir, face à la mer. En réalité, cette photo des années 30 a été prise sur les toits de Paris.

Je prends le livre, le tourne et découvre des critiques pleines de louanges teintées d’incompréhension et de tristesse que cet ouvrage n’ait pas fait date dans la littérature.

Zou ! Je l’achète et le lirai pendant les vacances ! On va voir s’il va faire date !

Les facéties de la vie ont voulu que, je lise ce livre, bloquée sur un lit d’hôpital. Quelle ironie ! S’immerger dans une histoire de femme malade (et condamnée ?) dans un sanatorium quand on est soi-même coincée dans une ambiance gériatrie 👌👌👌.
J’ai toujours eu un excellent sens de l’à-propos.

Alors, date ou pas date ?

Au diable le suspense ! Date bien sûr !!! Ce texte est tout à la fois un récit, une lettre, un manifeste, un adieu. Il est court, 123 pages, sans emphase, sans effet de style et pourtant… L’écriture est simple, fulgurante, tellement juste et belle, à la fois douce et violente. Un peu comme l’eau vive et glacée d’un torrent. Y plonger est une évidence mais qui n’a rien de confortable. Après vous avoir rafraîchi, la froidure vous saisit et vous oblige à nager pour ne pas perdre pied, pour éviter l’engourdissement.

Car c’est de cela qu’il s’agit, ne pas s’engourdir, jamais, ni pendant une histoire, ni après une rupture.

Jamais je n’ai été aussi proche de la vérité d’une rupture, jamais je n’ai lu un texte qui exprime tout à la fois les émotions, l’affect mais aussi l’intelligence, la distance, la force. Comme l’autopsie enflammée et lucide que l’on ferait d’un amour mort. 

Entrez dans la lumière…

L’héroïne, soignée dans un sanatorium dont elle ne ressortira peut-être pas vivante, illumine ses journées en pensant à son amant. Jusqu’au jour où elle reçoit une lettre « Je me marie… Notre amitié demeure. »

Malgré le choc, elle ne subira pas. Elle a décidé d’aimer cet homme, elle va décider de le désaimer… presque pour les mêmes raisons. Femme libre, amoureuse, délaissée, mais libre avant tout. Elle est forte. Personne ne pourra détruire ce qu’elle est intrinsèquement. À force de tout faire pour plaire à l’autre on se perd et c’est le pire, comme une trahison à soi-même, comme une solitude supplémentaire qui s’ajoute à nos renoncements. Elle évoque « le petit coin qui ne vibre pas, même au plus profond du bonheur », ce refuge accessible de vous seul et dans lequel vous conservez votre intégrité. Un lieu à soi. « Vous êtes parti, mais je me suis retrouvée… Je ne me sens pas seule ».

Certains diront que c’est le charme de la passion, de tout vivre intensément, de toucher le fond, de s’oublier… Je pense, au contraire, comme Marcelle : on ne doit jamais s’oublier, jamais s’effacer devant qui que ce soit.

Ce livre est un bijou brut, à lire et à relire… Et puis, cela n’a rien à voir, ne légitime rien, n’apporte rien … Mais Marcelle était belle, tellement belle.

ÇA RACONTE SARAH de Pauline Delabroy-Allard

2019 commence merveilleusement bien…. Première lecture, premier (E-NOR-ME) coup de ❤️ !

On trouve de tout sur LinkedIn !

Et pourtant, j’ai mis du temps à y aller ! Un réseau social de plus ? Pas possible ! Fusse-t-il professionnel (surtout s’il est professionnel 😂).

Pourquoi ?

  • Je passe déjà trop de temps sur Twitter,
  • LinkedIn, ça doit être sérieux à mourir, l’endroit où tout le monde parle de data, de performance et d’efficacité. Pas du tout ma ligne éditoriale 😫.
  • Et surtout, il faut se montrer sous son meilleur jour, se valoriser, nourrir son compte avec du contenu intelligent et pertinent 😱.

Bref, ce n’est pas pour moi !

Sauf qu’entendre presque chaque semaine pendant trois ans : « Quoi ???!!! T’es pas sur LinkedIn ??!! Mais faut absolument y être, c’est IN-DIS-PEN-SA-BLE ! », c’est fatiguant. Donc, un jour, j’ai craqué et j’ai créé mon compte. Je vous passe les différentes étapes (ben non, je ne vous les passe pas 😜) :

  • Ça commence par le petit texte censé vous présenter. Il doit être concis et attractif, sérieux mais en même temps décontracté (genre la fille qui maîtrise tellement qu’elle peut se permettre une bonne tranche de rigolade 🥳🥳🥳) et si, en plus, il est original alors là c’est le Graal.
  • Ensuite vient la photo de profil, étape angoissante s’il en est. Une fois éliminées les photos de soirées (trop d’alcool), celles où je fais la grimace (trop incompréhensible) et celles où je suis en vieux tee-shirt pourri et en chaussons licorne (trop fashion), il ne reste plus grand-chose.
  • Enfin, le grand moment de solitude : j’ai nommé, les compétences. C’est parti pour la brosse à reluire !

Bref, j’avais l’impression de me préparer pour un speed dating… mais c’est le jeu, alors jouons !

Finalement, je me suis familiarisée avec la bestiole, j’ai essayé d’être la plus authentique possible… et j’aime bien ! Chaque jour m’apporte son lot de découvertes.

Ma plus belle découverte sur LinkedIn, c’est ce livre !

Je tombe sur un partage d’article de Télérama. Ça parle d’un premier roman. Ce qui m’intrigue, c’est la photo de l’auteure. Une jeune femme, mignonne tout plein, la trentaine, un sourire franc, pas de pose apprêtée, un dress code totalement décontracté, un air ingénu et inoffensif de petite fille. Bref, la girl next door façon Jennifer Aniston, la copine de fac hyper sympa que vous retrouvez dix ans après. Le genre de fille qui vient de sortir un livre pour enfants ou des recettes de cupcakes.

Bon sang ! Qu’elle cache bien son jeu, Pauline !

On est très loin des enfants et des cupcakes 😱😱😱 ! On ne connaitra pas le prénom de la narratrice. Elle mène une vie tranquille, normale, douceâtre, entre son enfant qu’elle élève seule et son métier de professeure. Une vie balisée, ni heureuse, ni malheureuse, juste sans intensité. À un dîner d’amis, elle rencontre Sarah, femme fantasque, imprévisible, indomptable et seule. C’est l’amour fou, un embrasement qui consume une existence atone… jusqu’à épuisement.

Ça m’apprendra à me fier aux apparences !

Ce livre vous brûle les doigts de la première à la dernière page ! L’auteure vous attrape les tripes et ne les lâche plus, vous forçant à la suivre, vous obligeant à vivre cette passion, à jouir, à souffrir. C’est vous qui êtes face à Sarah, contre elle, en elle ! C’est vous qui allez en prendre plein la gueule ! C’est intense, fiévreux, charnel, douloureux. Vous tombez, vous vous relevez. Ça va de plus en plus vite, ça devient incontrôlable. Vous savez que vous allez dans le mur avec l’héroïne mais c’est trop tard, impossible d’arrêter ce putain de livre. Parce qu’elle est belle cette histoire, parce qu’on a envie d’y croire, parce que ne plus raisonner, perdre pied, se brûler, c’est presque un fantasme dans nos existences si bien réglées. Parce que c’est rugueux. Parce que c’est doux. Les scènes d’amour sont magnifiques, d’une beauté éprouvante, crues mais sans vulgarité. Ça dit le désir, la sensualité, les tremblements, les souffles courts, les draps froissés, le sexe et la sueur. Ça raconte Sarah.

Pauline Delabroy-Allard avance masquée ! C’est une écrivaine redoutable, dangereuse et diablement talentueuse. Vivement son deuxième roman !


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