Je me manque
Je sonne creux
Je me contente
De ce que je peux
Je me cherche
Je sais pasOù chercher
Tellement
Je suis paumée
Tellement
Je suis allée
Loin de moiJe me manque
Je m’en fous
Je me donne
Rendez vous
Et tant pis
Si je viens pasJe me plante
C’est comme ça
Je me languis
De celle
Que je ne suis pasJe me manque
c’est la planque
pour pas vivre
toutes les vies
dont j’aurais eu envieÇa déconne
Quelque part
Je sais pas où
Faut que j’aille voir
Ailleurs si j’y suisJe me manque
Je suis bien
Où je me fuis
Je me dis rien
Je me flanque
A la porteJe me mens
C’est comme ça
Je me hante
J’appuie là
Où je suis presque morteCe que c’est fou
De ne jamais tomber sur soi
N’importe où
Je me retrouve pas
Dans les rues, dans les bars
Ou dans le creux de tes brasJe me manque
Je m’égare
Je m’oublie
Quelque part
Dans un coin
De ma vieFaut que je change
De trottoir
Faut que je fuis
Mon regard
Et l’écrin
De l’ennuiJe me manque
Je m’en fous
Je me crie
Au secours
Et je reste plantée làJe me manque
https://youtu.be/2WIHQOjQKc0
Comme je manque
A mes rêves
Mon amour
Me laisse pas tomber plus bas
L’ANOMALIE de Hervé le Tellier
Tout ça, c’est la faute de Pascale !
« Pour redémarrer facile, fonce sur ce bouquin. Tu vas voir, aucune pression, que du bonheur, tu vas le lire d’une traite ». Elle savait que depuis un an je ne lisais plus rien, elle savait que la reprise allait être dure et qu’il fallait me conseiller quelque chose de facile. En toute décontraction, elle me recommande un Goncourt. Mais bien sûr Pascale ! T’as pas pensé à la Pléiade, aussi ? Histoire de m’achever ? Bref, j’en viens à penser que les confinements successifs l’ont complètement ravagée. Si jeune, c’est triste. Et puis, je me dis pourquoi pas ?
Bureau des idées reçues, bonjour !
Enfin quand même, j’hésite ! C’est un Goncourt ! Et les Goncourts, on sait tous comment c’est. Chiant ! Enfin, presque tous. D’abord, c’est quoi la recette de ce prix ?
Dans une jatte, dans une jatte plate 🎼🎼🎼, versez les ingrédients suivants :
- un obscur auteur dont personne n’a jamais entendu parler (moi en tous cas). Genre chercheur universitaire, pas tout jeune, qui a souffert (très important ça, d’avoir souffert), le cheveu long et gras, une chemise à carreaux et une élocution que personne ne comprend (serais-je en train de décrire Houellebecq 🙀 ?),
- Un sujet bien sérieux et surtout pas mainstream (quelle vulgarité). Le genre de sujet dont tout le monde se fout, genre l’impact de la mondialisation dans le développement des communautés vaudoues vu du prisme d’un petit village de Haute-Saône (je rappelle que ce paragraphe concerne les idées reçues, hein ?!).
- Un style littéraire qui te fait passer pour un demeuré total, avec un dico qui t’accompagne jusqu’à la fin du livre, si tant est que tu l’atteins.
Si on m’avait dit un jour de ne pas spoiler un Goncourt !
J’achète donc le livre. Je voyage léger, je sais juste que L’Anomalie a eu un succès phénoménal (vendu à plus d’1 million d’exemplaires, en deuxième position derrière L’Amant de Marguerite Duras). Je sais aussi que son sujet fait écho à ce que nous vivions lors de sa sortie, en pleine pandémie : une situation extraordinaire.
Je l’ai lu d’une traite.
Qu’est-ce que je peux vous dire sur ce livre sans spoiler ? Ben, rien.
Je peux juste vous dire qu’il va se passer quelque chose lors d’un vol Paris-New-York en mars 2021. Pour le reste, je vais continuer dans la recette de cuisine, mais après les ingrédients, voici les proportions :
- 1/3 de roman choral
- vous savez, ces romans où il y a plein de personnages différents, qui ne se connaissent pas, n’ont apparemment rien en commun et pourtant, au final, quelque chose les lie.
- Bon courage si vous avez la mémoire d’un poulpe parce que vous allez devoir en retenir une bonne douzaine (et ils ont de la famille 🤪).
- 1/3 de science-fiction
- ou d’anticipation ? Parce que vu ce qu’on voit en ce moment, je suis prête à tout.
- ou de cyberpunk ? Parce que ça décrit un futur contemporain, avec quand même pas mal d’anti-héros désabusés, et, finalement, ça me conforte dans l’idée que moins on en sait, mieux on se porte.
- ou d’uchronie ? Avec comme point de départ, des turbulences en avion 😈.
- 1/3 de thriller
- Bon sang, je n’ai pas décroché. Comment Hervé va-t-il réussir à terminer ça ? Quelles précautions prendre lors de mon prochain voyage en avion ? Peut-on aller à New-York en train, je préfèrerais autant ? Les théories scientifiques évoquées existent-elles réellement (oui, j’en suis là 😫).
C’est prenant, c’est drôle et c’est déstabilisant. L’histoire se déroule de nos jours, vous y croisez des lieux, des notions, des personnages connus (Macron, Trump et plein d’autres). Et quelque chose arrive à des gens comme vous et moi. Quelque chose de tellement hors norme que tout est convoqué : la science, la politique, le religieux, la philosophie. En ce sens, ça m’a fait penser au Grand Secret de Barjavel.
Je ne peux que vous le conseiller à mon tour. Merci Pascale 😘
IT’S A LONG WAY TO TIPPERARY de Jack Judge et Harry Williams
Up to mighty London came
An Irish man one day
All the streets were paved with gold
So everyone was gay!
Singing songs of Piccadilly
Strand, and Leicester Square
‘Til Paddy got excited and
He shouted to them there:
It’s a long way to Tipperary
It’s a long way to go.
It’s a long way to Tipperary
To the sweetest girl I know!
Goodbye Piccadilly
Farewell Leicester Square!
It’s a long long way to Tipperary
But my heart’s right there.
It’s a long way to Tipperary
It’s a long way to go.
It’s a long way to Tipperary
To the sweetest girl I know!
Goodbye Piccadilly
Farewell Leicester Square!
It’s a long long way to Tipperary
But my heart’s right there.
Paddy wrote a letter
To his Irish Molly O’
Saying, « Should you not receive it
Write and let me know!
If I make mistakes in « spelling »
Molly dear », said he
« Remember it’s the pen, that’s bad
Don’t lay the blame on me ».
It’s a long way to Tipperary
It’s a long way to go.
It’s a long way to Tipperary
To the sweetest girl I know!
Goodbye Piccadilly
Farewell Leicester Square
It’s a long long way to Tipperary
But my heart’s right there.
It’s a long way to Tipperary
It’s a long way to go.
It’s a long way to Tipperary
To the sweetest girl I know!
Goodbye Piccadilly
Farewell Leicester Square
It’s a long long way to Tipperary
But my heart’s right there.
C’EST ARRIVÉ LA NUIT de Marc Levy
J’SUIS SNOB, J’SUIS SNOB
Lire du Levy ? Jamais d’la vie !
Moi, c’qui m’fait grimper à la tenture,
c’est la grande littérature.
Et même si Elle et Pocket me supplient,
hors de question que je change d’avis.
En même temps, avoir sa bobine
dans l’plus féminin des magazines,
ça fait sacrément envie.
Oh puis zut, direction la librairie
pour C’est arrivé la nuit.
Et là, wouahhhh !
Bienvenue au cinéma !
Suspense, action, en veux-tu en voilà.
C’est d’la lecture sur grand écran,
tout, sauf un voyage d’agrément.
J’passe la soirée à m’ronger les sangs.
Ils sont 9 sur la planète
à faire justice sur Internet.
Des Arsène Lupin 2.0
qui mettent les salauds au cachot
d’un clic sur leur réseau.
Ça semble facile, mais ça l’est pas.
Toujours clandestin, même chez soi.
Toujours planqué et en mouvement
pour éviter les guet-apens
Marc est un p’tit malin
avec ses hackers au grand cœur,
on le lit jusqu’au p’tit matin
pour notre plus grand bonheur.
On se prend même à rêver :
Et si c’était vrai ?
JE M’ÉTAIS PERDU de Francis Cabrel
Je m’étais perdu
https://youtu.be/iOUz1Yd3l4o
Je recherchais des yeux
Quelque chose qui bouge
En bas, dans la rue
Des gens très malheureux
Criaient des slogans rouges
Quand je suis descendu
On m’a pris par le bras
Poussé dans le manège
Qu’est-ce que je fous là
À crier comme ça
En tête du cortège?
J’aurai ma photo
Avec mon nom en gros
En tête de la liste
Je vais être arrêté
Ils vont me tabasser
Me ficher communiste
Chaque jour quelqu’un
Veut me prendre la main
Ma donner une image
Un masque à porter
Pour mieux pouvoir après
L’enfermer dans sa cage
Moi je veux vivre plus loin
Reprenez vos papiers, vos titres et vos bulletins
Moi je veux vivre plus loin
Mais chaque jour quelqu’un
Veut me prendre la main
Me donner une image
Un masque à porter
Pour mieux pouvoir après
L’enfermer dans sa cage
Moi je garde ma voix
Pour celui qui criera
« La vie est une fête »
On va brûler tout notre temps
Et non plus seulement
N’en vivre que les miettes
Photo Benni Valsson
LE PETIT JARDIN de Jacques Dutronc
C’était un petit jardin
Qui sentait bon le Métropolitain
Qui sentait bon le bassin parisien
C’était un petit jardin
Avec une table et une chaise de jardin
Avec deux arbres, un pommier et un sapin
Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin
Mais un jour près du jardin
Passa un homme qui au revers de son veston
Portait une fleur de béton
Dans le jardin une voix chanta
De grâce, de grâce, monsieur le promoteur
De grâce, de grâce, ne coupez pas mes fleurs
C’était un petit jardin
Qui sentait bon le Métropolitain
Qui sentait bon le bassin parisien
C’était un petit jardin
Avec un rouge-gorge dans son sapin
Avec un homme qui faisait son jardin
Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin
Mais un jour près du jardin
Passa un homme qui au revers de son veston
Portait une fleur de béton
Dans le jardin une voix chanta
De grâce, de grâce, monsieur le promoteur
De grâce, de grâce, ne coupez pas mes fleurs
C’était un petit jardin
Qui sentait bon le Métropolitain
À la place du joli petit jardin
Il y a l’entrée d’un souterrain
Où sont rangées comme des parpaings
Les automobiles du centre urbain
C’était un petit jardin
Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin
C’était un petit jardin
Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin
LA DAME BRUNE de Barbara et Georges Moustaki
Pour une longue dame brune, j’ai inventé
Une chanson au clair de la lune, quelques couplets.
Si jamais elle l’entend un jour, elle saura
Que c’est une chanson d’amour pour elle et moi.
Je suis la longue dame brune que tu attends.
Je suis la longue dame brune et je t’entends.
Chante encore au clair de la lune, je viens vers toi.
Ta guitare, orgue de fortune, guide mes pas.
Pierrot m’avait prêté sa plume ce matin-là.
A ma guitare de fortune j’ai pris le la.
Je me suis pris pour un poète en écrivant
Les mots qui passaient par ma tête comme le vent.
Pierrot t’avait prêté sa plume cette nuit-là.
A ta guitare de fortune, tu pris le la,
Et je t’ai pris pour un poète en écoutant
Les mots qui passaient par ta tête comme le vent.
J’ai habillé la dame brune dans mes pensées
D’un morceau de voile de brume et de rosée.
J’ai fait son lit contre ma peau pour qu’elle soit bien,
Bien à l’abri et bien au chaud contre mes mains.
Habillée de voile de brume et de rosée
Je suis la longue dame brune de ta pensée.
Chante encore au clair de la lune, je viens vers toi.
A travers les monts et les dunes, j’entends ta voix.
Pour une longue dame brune, j’ai inventé
Une chanson au clair de la lune, quelques couplets.
Je sais qu’elle l’entendra un jour, qui sait demain,
Pour que cette chanson d’amour finisse bien.
Bonjour, je suis la dame brune, j’ai tant marché.
Bonjour, je suis la dame brune, je t’ai trouvé.
Fais-moi place au creux de ton lit, je serai bien,
Bien au chaud et bien à l’abri contre tes reins.
VIEILLE CHANSON DU JEUNE TEMPS de Victor Hugo
Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.
J’étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres
Son oeil semblait dire: » Après ? «
La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J’allais ; j’écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.
Moi, seize ans et l’air morose ;
Elle, vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.
Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches
Je ne vis pas son bras blanc.
Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.
Rose défit sa chaussure,
Et mit, d’un air ingénu,
Son petit pied dans l’eau pure
Je ne vis pas son pied nu.
Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.
Je ne vis qu’elle était belle
Qu’en sortant des grands bois sourds.
» Soit ; n’y pensons plus ! » dit-elle.
Depuis, j’y pense toujours.
TARENTELLE de Yves Duteil
Photo de Tatsuya TANAKA – mini MONDES
Vous avez appris la danse, danse.
Vous avez appris les pas.
Redonnez-moi la cadence, dence
Et venez danser avec moi.
Ne me laissez pas la danse, danse,
Pas la danser comme ça.
Venez m’apprendre la danse, danse
Et la danser avec moi.
Vous savez la tarentelle, telle
Qu’on la dansait autrefois.
Moi je vous montrerai celle, celle
Que, demain, l’on dansera.
Si vous donnez la cadence, dence,
Moi je vous donne le « la ».
Je vous l’apprendrai là dans ce, dans ce,
Dans ce joli petit bois.
Et si vous aimez ma danse, danse,
Et si vous aimez mon pas,
On pourra danser, je pense, pense
Aussi longtemps qu’on voudra
Mais ne me laissez pas là dans ce, dans ce
Pas là dans cet état-là.
Ne pensez-vous qu’à la danse, danse
Dans ce joli petit bois ?
Quand le feuillage est si dense, dense,
Quand le soleil est si bas,
Que voulez-vous que l’on danse, danse
Dans les jolis petits bois ?
Quand votre robe s’élance, lance
Moi j’ai le cœur en éclats.
Si vous perdez la cadence, dence
Serrez-vous bien dans mes bras.
Et s’il arrive que même, même
Tout doucement, dans le bois,
J’aille vous dire, je t’aime, t’aime,
Et si le bonheur était là
Pour nous donner la cadence, dence,
Pour nous donner le « la »
Et pour que tout recommence, mence
À tout petits tout petits pas ?
Vous avez appris la danse, danse.
Vous avez appris les pas
Pour qu’on vous aime et je pense, pense
Que je vous aime déjà.
C’est là que finit la danse, danse
Là dans l’ombre des bois
Mais notre amour qui commence, mence
Jamais ne s’arrêtera.
C’est là que finit la danse, danse
Là dans l’ombre des bois
Mais notre amour qui commence, immense
Jamais ne s’arrêtera
L’ÉVADÉ de Boris Vian
Il a dévalé la colline
Ses pas faisaient rouler les pierres
Là-haut entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie
Il respirait l’odeur des arbres
Avec son corps comme une forge
La lumière l’accompagnait
Et lui faisait danser son ombre
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil
Les canons d’acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l’eau
Il y a plongé son visage
Il riait de joie il a bu
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il s’est relevé pour sauter
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L’a foudroyé sur l’autre rive
Le sang et l’eau se sont mêlés
Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps d’atteindre l’autre rive
Le temps de rire aux assassins
Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre.