Quel drôle de livre que celui-là.
C’est mon deuxième livre de Houellebecq donc je suis loin d’être une spécialiste.
Mais : un premier tirage de 300 000 exemplaires + un joli objet (relié, à la couverture cartonnée, au format atypique avec un marque page rouge) + un des livres les plus attendus en France ET en Europe + une seule interview accordée + un plan de lancement digne du dernier iPhone + une fuite sur le net façon Panama Papers = je m’attends à du lourd.
C’est parti !
Ça se passe en France en 2027 en pleine campagne présidentielle. Ça commence comme un thriller. De mystérieuses vidéos essaiment sur le net. Hétérogènes, étranges, inquiétantes. Les Renseignements sont sur le coup. Ça pourrait empirer. Spoiler : ça va empirer. Comme il faut bien personnifier l’action côté « pouvoir », c’est sur Paul Raison que ça tombe, un conseiller de l’ombre comme il en pullule dans les arcanes du gouvernement. Pas n’importe lequel non plus, c’est un proche confident du ministre de l’économie Bruno Juge. Paul Raison a une certaine épaisseur ou du moins Michel va lui en donner en nous immiscant dans sa vie.
C’est un livre parallèle.
Il y en a plusieurs.
Dans le récit d’abord. Un parallèle entre des évènements terroristes mondiaux et une histoire intime, humaine, l’histoire d’une vie. Le chaos du monde et le chaos d’une vie.
Dans le rythme ensuite. Un parallèle entre réalité et rêves assez déroutant. J’ai absolument rien capté aux rêves 🤪. Heureusement pour moi, il y a plus de réalité que de rêves.
Tout cela est juxtaposé sans vraie rencontre, avec des liens un peu surfaits, artificiels.
Et donc ?
C’est un roman qui accroche. On le commence, on le finit. On veut savoir comment la grande et la petite histoire vont se terminer. On veut savoir si le monde et Paul vont être sauvés.
Le style est addictif, un mélange efficace de réalisme, de cynisme détaché et d’humour mais pas que. Il y a de la tendresse, beaucoup même, de la mélancolie et une recherche d’apaisement.
L’idée c’est qu’à force de se perdre dans le monde, on en a oublié l’essentiel, la sphère intime, source de rédemption et de salut. Michel vieillit, Michel s’assagit, Michel devient comme tout le monde.
C’est mystérieux l’alchimie d’un livre. Dans celui-ci, il y a plein d’ingrédients et le chef pour avoir un plat 3 étoiles. Au final, on se retrouve dans une bonne brasserie. C’est bon, de qualité, mais classique.
Je n’ai pas perdu mon temps quand même !
Tout d’abord, à tous ceux qui voient Michel comme un être éthéré et hors sol, sachez :
- qu’il connaît parfaitement le métro parisien (soit il le pratique soit il a fait d’énormes recherches sur le sujet 🤪).
- qu’il ferait un redoutable agent immobilier (à 2 doigts de m’installer à Bercy après avoir lu son livre).
Et j’ai gardé le meilleur pour la fin !
Saviez-vous qu’on pouvait faire des choses avec urbanité ? Je répète : avec ur-ba-ni-té ???
« Paul sourit avec urbanité », « … il fut d’ailleurs traité avec une urbanité parfaite » 😵💫.
Je me suis d’abord dit que Michel en avait tellement plus rien à foutre de rien qu’il se mettait à inventer des expressions. Puis j’ai vérifié. Bon sang, ça existe 😱!
J’ai vécu tout ce temps sans le savoir.
Je vous souhaite une bonne lecture, avec urbanité !