L’ÉCHARPE de Maurice Fanon

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce souvenir de soie
Qui se souvient de nous
Ce n’est pas qu’il fasse froid
Le fond de l’air est doux
C’est qu’encore une fois 
J’ai voulu comme un fou
Me souvenir de toi
De tes doigts sur mon cou
Me souvenir de nous
Quand on se disait vous

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce sourire de soie
Qui sourit comme nous
Sourions autrefois
Quand on se disait vous
En regardant le soir
Tomber sur nos genoux
C’est qu’encore une fois
J’ai voulu revoir
Comment tombe le soir
Quand on s’aime à genoux

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Ce soupir de soie
Qui soupire après nous
Ce n’est pas pour que tu voies
Comme je m’ennuie sans toi
C’est qu’il y a toujours
L’empreinte sur mon cou
L’empreinte de tes doigts
De tes doigts qui se nouent
L’empreinte de ce jour
Où les doigts se dénouent

Si je porte à mon cou
En souvenir de toi
Cette écharpe de soie
Que tu portais chez nous
Ce n’est pas pour que tu voies
Comme je m’ennuie sans toi
Ce n’est pas qu’il fasse froid
Le fond de l’air est doux

LE VOYAGEUR D’HISTOIRE de Bruno Solo

Revenons un peu en arrière (en plus, c’est le concept). Noël est une période compliquée. Déjà, je n’ai AUCUNE idée cadeau, mais quand j’en ai, je les aime bien et finis par les garder pour moi. C’est le cas de ce livre, qui aurait dû se trouver emballé sous le sapin et qui a terminé sur ma pile à livres qui me tient lieu de table de chevet.

Bruno Solo

Évidemment que je le connais ! C’est un acteur. J’ai vu « La Vérité si je mens », les « Caméra Café » et quelques téléfilms où il apparaît.

D’où qu’il écrit des livres d’histoire ?!!! On a déjà Lorànt Deutsch, qu’est-ce qu’ils ont tous à s’y mettre ?

Je creuse et découvre qu’il présente depuis 6 ans une émission historique sur France Télévisions, que c’est un passionné d’histoire et surtout un curieux de première. Je zieute quelques épisodes de « La Guerre des trônes », c’est pas mal du tout. Il est fidèle à lui-même, ne se la pète pas. C’est léger, pédagogique, diablement sympathique et tout public.

J’apprends qu’il vient de sortir un livre, « Le Voyageur d’Histoire ». Ça sera parfait comme cadeau pour un grand mioche !

Sauf que, je le feuillette… et je le garde.

Le Voyageur d’Histoire

Le concept est simple. Plutôt qu’un cours magistral, déjà disponible à foison grâce à nos enseignants et historiens, vive le storytelling ! Non, ce n’est pas un gros mot. À la base, c’est l’art de raconter une histoire. Une histoire bien narrée accrochera l’auditoire et sera mieux mémorisée (Pierre Bellemare, Alain Decaux, si vous nous regardez). Ça vaut pour tout : l’art, le marketing, la vie.

Et Bruno est un excellent storyteller ET storywritter. Figurez-vous qu’il a le don de voyager dans le temps. Don qu’il va mettre à profit pour rencontrer 9 personnages historiques.

234 pages. 9 portraits. Environ 23 pages par portrait.

Alors, évidemment, 23 pages par portrait, c’est un peu survolé. Vous n’allez pas devenir un crack en histoire avec ce livre. Mais vous apprenez plein de choses, ça sort des sentiers battus et titille votre curiosité. À vous ensuite de creuser.

L’exercice n’est pas facile mais en 23 pages (oui, je sais, je bloque un peu sur ces 23 pages 🤪) il réussit à planter le contexte, cerner le personnage (sa personnalité, ses faits, ses apports) à force d’allusions, de flash-backs, d’ellipses et de parenthèses. Le tout en évoquant les résonnances avec sa vie et en blagounant tranquillou avec eux. Ça semble indigeste mais ça ne l’est pas du tout, au contraire ! C’est accessible et vous suivez aisément.

La grande force de ce livre, c’est justement que tout semble facile, le sujet, la narration, le rythme. Tout est fluide. Mais j’insiste, parler de Rabelais en 23 pages (oui, je ne m’en remets pas 😂), en dressant un portrait global du bonhomme… Chapeau !

C’est riche, vif, enlevé et pittoresque. Bruno adapte son parler (car, oui, c’est un livre parlé) à son interlocuteur et son époque. On se laisse entraîner à sa suite dans l’Allemagne du XIe siècle ou les rues du Rome de 1612.

Ça suit l’ordre chronologique, on commence avec Cléopâtre, on finit avec Eugène Bullard (je fais genre mais je ne savais pas du tout qui c’était). Ça aussi, c’est un point fort du livre : le choix des personnages. Ils sont très, peu, voire pas du tout connus… de moi.

Et le cinéma dans tout ça ? Parce que bon, c’est un acteur le zozo Solo. Ben il a pas pu s’empêcher le bougre ! Et le cinéma est là, dans chaque intitulé de rencontre.

Si vous êtes curieux, aimez apprendre, je vous conseille ce livre. Moi, j’ai découvert Artemisia Gentileschi et WOW 🤩 !

TRUE TRIPS de MICHAEL BAUMGARTEN

Michael voit des choses que nous ne voyons pas. Heureusement, lors de ses voyages, il les a photographiées.

Il nous livre TRUE TRIPS, une odyssée composée de photos et vidéos aussi énigmatiques que puissantes.

Oubliez la soirée diapos au retour de vacances. Il ne s’agit pas, ici, de fixer des souvenirs mais de rentrer dans un monde. Son monde.

Incongru, fantasque, mystérieux, drôle ou inquiétant.

Et ça picote !

IL FAUT Y CROIRE POUR LE VOIR.

Mais surtout, ça questionne. Sur la réalité. Celle qu’on perçoit. Et sur la vérité que nous lui accordons.

À l’heure de l’intelligence artificielle et de son flot de fake news, Michael ébranle nos certitudes et nous confronte à nos propres convictions. C’est quoi la vérité ? Si ce n’est ce que nous voyons au travers de nos filtres et biais personnels.

Alors ? Réalités ou illusions ? À vous de voir !

C’EST TOUT ? BEN NON, ÇA COMMENCE. VIVEZ UNE EXPERIENCE TOTALE !

Vous pensez que True Trips se feuillette tranquillement avec une tasse de thé ? Que nenni !

Passé les premières réactions (surprise, incrédulité, méfiance, adhésion), l’auteur vous invite à une véritable immersion dans son univers. A chaque photo correspond une vidéo. Embarquez pour l’Australie, découvrez Paris by night comme vous ne l’avez jamais vu, foulez le sol rouge de la Cordillère des Andes…

À VOUS DE JOUER !

Chaque photo se transforme en carte postale. Envoyez-les à votre tour. À vos proches, vos amis, aux gens que vous aimez.

Vous kiffez une, plusieurs vidéos ? Vous vous les repassez en boucle ? Be a real collector 🤘 et faites-les voyager, partagez-les.

Et pourquoi ne pas en faire part à Michael ?Cela lui inspirera peut-être un True Trips 2 toujours plus dingue.

QUI EST MICHAEL BAUMGARTEN ?

Natif d’Allemagne, Michael commence par y créer un festival de photos puis rejoint Paris en 1993. Autodidacte et curieux, son talent et son regard exigeant lui ouvre très vite des portes.D’abord séduit par l’aspect éphémère des magazines, il collabore avec VOGUE, World of Interiors, New-York Times et bien d’autres. Parallèlement, il élargit son travail au luxe (Hermès, Armani…).

Depuis 15 ans, avide de nouvelles expériences et de partage, il s’investit dans l’animation et la création numérique d’images qu’il déploie dans les galeries, le métaverse ou encore l’espace public.

Le regard n’est rien sans l’intelligence. Son travail personnel est un miroir à ses questionnements quasi philosophiques. Et en se questionnant, il nous élève.

INTRIGUÉS ? INTÉRESSÉS ? READY ?

Contact : MICHAEL BAUMGARTEN

Cellular : 06 85 10 91 37

Mail : michael@michaelbaumgarten

Site : michaelbaumgarten.com

SUM’UP VERY SUM’UP

Quoi : un recueil de 35 photos et vidéos associées. Chaque photo a son QR Code qui renvoie vers une vidéo. Chaque photo peut se transformer en carte postale.

Concept : réalité ou illusion ? Il faut y croire pour le voir !

Pourquoi ? : pour vous ébranler. Après tout, l’art, ça sert à ça, non ?

Qui ? : MICHAEL BAUMGARTEN. Visual artist.

Et maintenant, à vous de voir !

ANDRE MALRAUX, l’homme qui osait ses rêves de Guillaume Villemot

Pourquoi ce livre ?

Parce que Guillaume me l’a gentiment envoyé… et dédicacé s’il vous plait (hé ouais, je connais des gens 🤣).

Parce que Guillaume est cultivé, mais surtout passionné et curieux. Je sens que je vais apprendre des choses.

Et je trouve que le titre « L’homme qui osait ses rêves » lui correspond aussi pas mal.

Mais pourquoi Malraux ?

Hein ?!!! Pourquoi ??? J’aime pas ce type.

  • Déjà, il me fait peur. A chaque fois que je regarde une photo de lui, j’ai l’impression qu’il va m’engueuler et me dire de filer dans ma chambre.
  • Ensuite, j’ai le sentiment qu’il a zéro humour. C’est bien simple, cherchez des photos de Malraux où il rigole (prenez un demi RTT).
  • Enfin, physiquement, il est moche. Bon, pas moche moche mais aucun charme (j’hallucine, je suis en train de parler du physique de Malraux 😱).

Mais j’avoue, je ne connais rien de lui. Enfin si, je sais que c’est un écrivain, qu’il a été ministre de la Culture sous de Gaulle et surtout, surtout qu’il a écrit et prononcé le discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon.

« Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège » proclame-t-il avec sa voix caverneuse.

  • Alors de une, qui tu es pour donner des ordres à Jean Moulin ? Il entrera s’il veut bien.
  • De deux, si tu veux qu’il entre faut un peu donner envie, faut ambiancer.

Bon, bref, vous l’aurez compris, c’était pas gagné.

Il est comment le livre ?

Il est exactement ce dont j’avais besoin !

Pourquoi ? Car justement, Guillaume passe assez vite sur le Malraux que tout le monde connaît : le sérieux, l’habité, l’engagé, l’intellectuel, l’écrivain nobellisé ou le politique. Il nous fait découvrir un Malraux que je ne soupçonnais pas et qui est diablement rafraîchissant.

Malraux a été jeune, Malraux a été un aventurier, Malraux a été un farfelu, Malraux a aussi été un filou. Et ça fait un bien fou. Ça le rend plus humain, plus accessible, moins parfait, moins chiant. Guillaume le compare à deux aventuriers que l’on connaît tous, Indiana Jones et Tintin. La rencontre de la culture avec la pop culture !

Ce livre, écrit par un passionné, est passionnant. Il a réussi l’exploit de me donner envie d’en savoir plus sur André. Attention, j’ai pas dit que je le kiffais 🤣. Pas encore.

Car il reste une part de mystère. Même après le livre de Guillaume, surtout après le livre de Guillaume. Tout le monde court après quelque chose. Après quoi courait Malraux ?

COULEUR MENTHE A L’EAU d’Eddy Mitchell et Pierre Papadiamandis

Elle était maquillée 
Comme une star de ciné 
Accoudée au juke-box, oh
Elle rêvait qu’elle posait 
Juste pour un bout d’essai 
À la Century Fox, oh oh

Elle semblait bien dans sa peau 
Ses yeux couleur menthe à l’eau 
Cherchaient du regard un spot 
Le dieu projecteur

Et moi, je n’en pouvais plus 
Bien sûr, elle ne m’a pas vu 
Perdue dans sa mégalo 
Moi, j’étais de trop

Elle marchait comme un chat 
Qui méprise sa proie 
En frôlant le flipper, ah
La chanson qui couvrait 
Tous les mots qu’elle mimait 
Semblait briser son cœur, oh oh

Elle en faisait un peu trop 
La fille aux yeux menthe à l’eau 
Hollywood est dans sa tête 
Toute seule, elle répète

Son entrée dans un studio 
Décor couleur menthe à l’eau 
Perdue dans sa mégalo 
Moi, je suis de trop

Mais un type est entré 
Et le charme est tombé 
Arrêtant le flipper, oh
Ses yeux noirs ont lancé 
De l’agressivité 
Sur le pauvre juke-box, oh no

La fille aux yeux menthe à l’eau 
A rangé sa mégalo 
Et s’est soumise aux yeux noirs 
Couleur de trottoir

Et moi, je n’en pouvais plus 
Elle n’en a jamais rien su 
Ma plus jolie des mythos 
Couleur menthe à l’eau

BARBIE de Greta Gerwig

Un peu que je vais parler de Barbie !

Je l’ai vu deux fois. Deux fois. Twice. Zweimal (désolée, j’ai pas fait espagnol deuxième langue).

J’ai joué aux Barbies quand j’étais petite. Beaucoup. Elle était canon, avait une multitude de fringues magnifiques que je n’aurais pas osé porter dans la vraie vie et, dans mes jeux, elle n’était jamais ni ridicule, ni apeurée, ni complexée (tu m’étonnes 🤪). Au contraire, elle essayait tout, découvrait tout et notamment le sexe. Barbie a été mon premier support d’éducation sexuelle à une époque où il n’y en avait pas. Je l’ai faite embrasser et coucher avec Ken, avec une autre Barbie et puis tout ça en même temps. Pour une poupée sans vagin, pas si mal que ça 😉

J’avais le salon Barbie désormais estampillé vintage. Elle avait des verres à cocktail planqués dans la table basse et la télévision couleur 🤩 (et ça pour moi, c’était le graal). Bref, une poupée parfaite à la vie parfaite.

Mes filles y ont joué mais beaucoup moins puis, lentement mais sûrement, Barbie a disparu des radars de ma vie passant de poupée fétiche à poupée ringarde et totalement hors-sol.

Le film Barbie

Il était annoncé depuis de nombreux mois et les premières photos du tournage m’ont confortée dans cette opinion. Barbie et Ken, total fluo, en train de faire du roller en Californie. Ça sera sans moi.

Et pourtant. WOW !!!

Bon sang que ce film est malin et à plus d’un titre. Du féminisme en veux-tu en voilà et à tous les niveaux. Attention, spoiler !

Tout d’abord, ce qui m’a le plus marquée, c’est l’auto-dérision dont fait preuve Mattel. Ou plutôt la critique que l’entreprise a accepté de la part de la réalisatrice Greta Gerwig. WOW ! Ils ont laissé passer ça ? Chapeau ! Au travers Mattel, Greta dénonce la capitalisme patriarcal (pléonasme) : une entreprise créée par des hommes, dirigée par des hommes avec pour seul objectif, une course effrénée au profit. J’ai toujours pensé que l’humour et plus particulièrement l’auto-dérision, bien maniés, sont les armes parmi les plus puissantes. Et là, c’est peu de dire que c’est bien manié. Le problème vous saute aux yeux, vous fait rire et finalement, qu’est-ce qu’on les trouve faibles, ces hommes tout puissants. Entre l’équipe dirigeante (Will Ferrell 🤩), exclusivement masculine, complètement décérébrée et obnubilée par les ventes ou encore les salariés (que des hommes), asservis et consciencieux, travaillant dans un cadre orwellien. C’est tout notre système qui est dénoncé et moqué. 

Mais la critique du patriarcat ne s’arrête pas là.

Le film montre ce que les femmes subissent tous les jours : les agressions verbales (oh ça va hein ?! Si on peut plus draguer), les agressions physiques (oh ça va hein ?! C’est qu’une main au cul), les regards bien lourds des mecs en meute (oh faut se détendre hein ?! Si on n’a plus de doit de regarder).

Ce patriarcat qui tire sa puissance de l’oppression mais n’est rien sans l’opprimée. La femme doit rester à sa place, celle qu’il lui a assignée, sinon tout l’équilibre est rompu et il y a danger. Et comme tout organisme vivant, le patriarcat se défend plus ou moins violemment.

Oulala, comme elle y va la bibliothécaire ! Not all men hein ?! (oui, je fais les dialogues 🤪).

Not all men (HA HA HA). Mais bien sûr que si ! C’est le dogme dominant que nous respirons tous, hommes et femmes. Car même les femmes le nourrissent, ce système, tellement elles baignent dedans depuis des millénaires. Laisser filer certaines attitudes ou réflexions, ne pas s’habiller trop court et j’en passe. Se fondre, ne pas TROP attirer les regards, ne pas provoquer, ne pas réagir TROP agressivement. Heureusement, les lignes bougent et ce film en est la preuve.

Il est si génial que ça ?

Il est jubilatoire 🤩, bourré de références et le casting est impressionnant.

Il parle de nous. Des femmes bien sûr mais aussi des hommes. Et la phrase de fin 😍 ! Mais love sur Greta !

Bien sûr, c’est sucré. C’est Barbie. Mais ne vous y fiez pas, ça picote.

Oui, y’a quelques discours qui auraient pu être mieux amenés. Mais ils ont le mérite d’exister et de formaliser clairement les choses.

Non, il n’apporte pas de solution, c’est un film, juste un film, pas un Grenelle sur la condition des femmes. Mais il file une pêche incroyable.

Alors, si vous faites partie des rares à ne pas l’avoir vu, je ne peux que vous conseiller de vous ruer sur le DVD ou le streaming.

BIEN SÛR, NOUS EÛMES DES ORAGES d’Anthony Sitruk

Anthony écrit des livres.

Donc forcément, il est dans mon réseau LinkedIn. Il se définit lui-même comme, je cite : « Consultant le jour, écrivain la nuit ».

Il a sorti récemment son troisième livre dont il est en pleine promotion. Je reçois un message qui dit à peu près ça :  » Voici le communiqué de presse de mon dernier livre, si ça vous intéresse, pour en parler sur votre site ».

J’ai toujours une réaction en deux temps quand je reçois ce type de message (bon, ne nous la pétons pas, j’en reçois pas tous les quatre matins non plus). D’abord, je suis heureuse et tout excitée qu’on me fasse confiance pour parler d’un livre. Ensuite, je me dis mais quel bordel, et si j’aime pas ? Va falloir que je me tape un livre jusqu’à la fin pour ensuite ne rien écrire dessus parce que bon, je vais pas descendre un bouquin alors que je suis moi-même pas capable d’aligner trois lignes un peu correctes.

Heureusement, le sujet du livre m’interpelle et me rend curieuse de plonger dans cette histoire.

Je dis oui, donc, GO ma fille, maintenant assume !

Quelle magistrale surprise 🤩

Mais quel bonheur de découvrir qu’Anthony écrit bien, très très bien même. Le livre est mille fois mieux que le résumé. Oui, ce sera l’unique bémol de cette chronique, le résumé de la quatrième de couverture. Il intrigue mais il est trop formaté et conventionnel, tout ce que le livre n’est pas. Bon, c’est un résumé quoi.

Mais passons au plat de résistance. J’espère que vous avez l’estomac bien accroché, pas d’allergies et un solide appétit car, croyez-moi, c’est très bien servi !

Le pitch

Anna est morte assassinée dans le lit conjugal. Son mari s’en rend compte au réveil. C’est ballot, un féminicide le dernier jour de l’année. Et sa femme qui avait prévu une petite sauterie le soir-même pour la saint Sylvestre. Il faut réfléchir vite et faire pour le mieux. Pas simple quand les invités sont les ex-maris, le frère et bien sûr le fils de la victime. L’occasion de découvrir la personnalité borderline de la victime et celle de ses proches qui n’ont rien à lui envier.

Marre de cette nana-là. Vraiment ?

Anna est morte et pourtant elle est omniprésente dans ce livre. À chaque page ou presque on parle d’elle. Une nana (d’ailleurs Anna est un anagramme de nana 🧐) incontrôlable qui rend tous les hommes fous, d’amour mais aussi au sens littéral. Car faut voir les types !

De son vivant, ils n’arrivaient pas à la suivre, essorés et excédés mais sans elle, ils sont perdus. En train de se cogner aux murs, comme des abeilles dans une ruche qui ont perdu leur reine. Ils en redemandent, se lamentent et règlent leurs comptes. « Une femme pareille, c’est un bonheur immense que je ne souhaite à personne ».

Ce livre va vous maintenir sous haute tension.

D’abord, rien n’est normal dans ce livre. Vous êtes déstabilisé dès la première page. Le narrateur, Forlane, mari actuel d’Anna, déroule ses états d’âmes et joue avec nos nerfs.

L’écriture y participe également, incisive, nerveuse, rythmée. Drôle aussi.

L’auteur s’amuse, force le trait, déjoue les codes et déroule son récit comme il l’entend.

C’est un univers exclusivement masculin. Hormis Anna qui reste LA femme absolue, les rares personnages féminins n’assurent que deux fonctions : la gestion du quotidien face à des mecs dépassés et la baise.

On oscille entre polar, histoire d’amour et anthropologie, avec la mise en abîme de l’éternelle relation Hommes/Femmes.

L’auteur n’est pas dupe, il nous amène lui-même au constat que face au mâle hétéro blanc de plus de 50 ans, la pédagogie marchera pas et que la seule solution, c’est celle d’Anna : n’en faire qu’à sa tête. « À te regarder, ils s’habitueront » comme on le dit tous les jours sur LinkedIn.

C’est jubilatoire à lire !

Il y’a de l’humour, de la dérision, de la tendresse. C’est vif et enlevé. Ça déroute, ça bouscule, ça surprend et ça se dévore. Bref, un vrai bonheur à lire.

Ce livre m’a donné envie de découvrir les deux premiers opus d’Anthony et j’espère que cette chronique vous donnera envie de le lire.

Pour commander, « Bien sûr, nous eûmes des orages » d’Anthony Sitruk, Go sur le site de l’éditeur Popcards Factory (y’a qu’à cliquer) ou dans les Fnac ou sur Amazon. Je précise que c’est totalement désintéressé 🤪.

Vous ne le regretterez pas, foi de bibliothécaire !

L’ACCIDENT DE CHASSE de David L. Carlson et Landis Blair

On peut pas dire que je me sois ruée dessus.

Lors de sa sortie en France en 2020, cette BD, que dis-je, ce roman graphique, a raflé plusieurs prix et toutes les critiques (du moins celles que j’ai lues) étaient unanimes : on frôlait le chef-d’œuvre. 

Je n’avais pas le début d’une idée du sujet. Je me disais bêtement qu’il devait s’agir d’un plaidoyer sur les dangers de la chasse.

Bon. 

Pourquoi pas ? 

C’est vrai que c’est dangereux, la chasse.

C’est pas le sujet qui me passionne le plus mais ça serait ballot de passer à côté d’un chef-d’œuvre. Je me le note donc dans un coin et finalement, Noël arrivant, je le trouve sous le sapin.

Et dans le genre cadeau, ça envoie du bois. C’est un bon pavé, bien épais, bien lourd qui bouffe son pesant de papier d’emballage et Bolduc.

Je suis toute excitée… et le mets sur ma pile à lire.

Deux ans après, je viens de le terminer (non, je n’ai pas mis deux ans à le lire, j’ai mis deux ans à le commencer).

Sacrebleu ! Ça ne parle pas du tout de chasse.

Chicago, 1959. Charlie Rizzo débarque avec sa petite valise. Sa mère vient de mourir, il quitte la Californie pour rejoindre son père, Matt Rizzo, à Chicago. Il le connaît peu. Sa mère l’a quitté quand Charlie avait 4 ans.

Père et fils vont devoir cohabiter, se livrer, s’apprivoiser, se faire confiance.

Charlie veut tout savoir de son père et d’abord, comment est-il devenu aveugle ? Est-ce vraiment à cause d’un stupide accident de chasse ?

Ça commence fort. Pas besoin de beaucoup de mots, en tous cas au début. Une planche de dessin suffit à montrer la distance entre le père et le fils à l’arrêt de bus où ils se retrouvent. Charlie, minuscule et perdu avec sa valise, levant les yeux vers son père, immense et raide dont on sent qu’il ne sait pas trop comment faire une place dans sa vie à ce gamin.

En y regardant de plus près, tous les ingrédients sont là, dès les premières pages : 

  • la bibliothèque, 
  • la relation père-fils,
  • l’accident de chasse, 
  • et enfin, ce fameux fait divers datant de 1924, baptisé « Le crime du siècle » par la presse. Deux jeunes gens, Leopold et Loeb, issus d’un milieu aisé et cultivé, avaient sauvagement assassiné un adolescent de 14 ans. Sans raison.  La barbarie et l’incompréhension de ce crime lui avaient donné une résonance mondiale.

À ce moment du pitch, certains vont se demander : « mais quel foutu rapport entre tous ces éléments ? ».

Et c’est justement tout l’enjeu du récit, révéler la vraie histoire du père, bien malgré lui. Mais voyant son fils grandir et attiré par les gangs, il n’aura d’autre choix que de lui dire la vérité.

On est tellement riche après avoir lu ce livre !

C’est un roman initiatique d’une richesse incroyable. On en prend plein la tête, les yeux, l’esprit.

Ça parle du pouvoir de la littérature, de Keats, de Nietzche, de Dante.

Ça parle de la vie intérieure, de la vérité de l’imagination qui est aussi authentique que la réalité.

Ça parle de l’histoire qui se répète, du refus de la fatalité, de résilience et de rédemption.

Ça parle aussi d’amour, l’amour paternel, maladroit, entêté, pudique.

Et c’est tout sauf chiant ou pompeux. C’est fluide, tout s’imbrique, tout s’explique.

À chaque page, j’apprends.

Et pourtant, je ne suis pas au bout de mes surprises.

Je termine le livre complètement sonnée, remplie de ce que je viens de lire. Cette BD au traité graphique noir, de 450 pages m’a envoûtée. Les auteurs réussissent à mettre de la magie, de la poésie, du merveilleux et de l’espoir, là où il n’y en a pas.

Tout concourt à l’intensité et la singularité du récit : le découpage, la mise en page, les parti-pris graphiques… jusqu’à la personnification de nos démons à tous qui apparaissent en fil rouge.

Je lis les dernières pages en me disant que certaines personnes ont une imagination folle pour réussir à inventer une histoire comme celle-ci.

Puis, je tombe sur la postface.

Tout est vrai. TOUT EST VRAI ! 😱

Bordel, je ne m’en remets pas. Matt, Charlie, Leopold, Loeb et tous les autres ont vraiment existé.

C’est leur vie que je viens de lire.

Je n’arrive pas à le croire.

On touche au prodige. C’est un sentiment encore plus fort de savoir que c’est vrai. Comme si on m’avait révélé un secret, comme si cette histoire prenait une perspective nouvelle et devenait plus précieuse.

Bien sûr, les auteurs, malgré de nombreuses recherches, ont dû romancer quelques passages mais c’est la vérité. La vérité historique et celle de l’imagination, qui n’a aucune limite.

La vie est tellement plus puissante et surprenante que l’on croit.

 Je vous souhaite à tous une vie intérieure riche, une imagination débordante et une soif d’apprendre.

CHATTERTON de George Sand (ou Alfred de Musset, mais il me plaît de mettre en avant George Sand)

La pièce de théâtre Chatterton d’Alfred de Vigny, s’étant faite descendre en bonne et due forme par les critiques, George Sand prit sa plume pour la défendre.

En réalité, ce poème serait d’Alfred de Musset qui l’aurait dicté à George Sand.

Tant pis pour Musset, cette semaine, j’ai envie de mettre George à l’honneur !

Quand vous aurez prouvé, messieurs du journalisme,
Que Chatterton eut tort de mourir ignoré,
Qu’au Théâtre-Français on l’a défiguré,
Quand vous aurez crié sept fois à l’athéisme,

Sept fois au contresens et sept fois au sophisme,
Vous n’aurez pas prouvé que je n’ai pas pleuré.
Et si mes pleurs ont tort devant le pédantisme,
Savez-vous, moucherons, ce que je vous dirai ?

Je vous dirai :  « Sachez que les larmes humaines
Ressemblent en grandeur aux flots de l’Océan ;
On n’en fait rien de bon en les analysant ;

Quand vous en puiseriez deux tonnes toutes pleines,
En les faisant sécher, vous n’en aurez demain
Qu’un méchant grain de sel dans le creux de la main ».

IL N’Y A PAS DE AJAR de Delphine Horvilleur

Commençons par les présentations

Qui est Delphine ?

C’est une journaliste, écrivaine, philosophe et femme rabbin française.

WoW ! Niveau intellectuel, ça se pose bien là ! Elle est très médiatisée. Normal, elle est très médiatique. Déjà, une femme rabbin, on n’en croise pas tous les jours. Mais surtout, sa parole est raisonnée, argumentée, claire, posée et lumineuse. Dans une époque troublée, c’est précieux. Et puis elle est belle (oui, on a dit pas le physique, mais bon sang qu’elle est belle).

Elle a écrit plusieurs livres que je n’ai jamais lus. Mais celui-ci, en folle raide dingue de Romain Gary, je ne pouvais pas m’y soustraire.

Ça commençait mal entre Delphine et moi

Je vous avoue que quand j’ai vu le sous-titre, Monologue contre l’identité, j’ai eu trois réactions :

  • encore l’identité !
  • Mon dieu, que ça va être chiant ! Identité et monologue, le combo pourri et soporifique.
  • Dans quelle galère va-t-elle me mettre MON Romain ?

En plus, c’est mensonger. Ce livre est en deux parties.

Pourquoi Ajar ?

Dans ce qui pourrait s’apparenter à une préface, Delphine commence par dire son lien particulier et son amour pour Gary. S’ensuit une réflexion qui aurait pu être une conversation entre elle et lui. Lui, qui a choisi de disparaître pour mieux se réinventer sous le pseudonyme d’Ajar. Elle, qui raconte une vieille légende du Talmud, l’histoire d’un homme qui, lui aussi, a choisi de renaître selon ses propres choix, par sa seule volonté. Deux récits différents pour un même sujet : l’identité. Celle qu’on nous assigne mais également, toutes celles qui nous attendent. Elle y questionne la religion juive, la littérature. Tout ce dont elle s’est saisie pour se construire.

Puis vient le monologue d’Abraham Ajar, fils d’Émile Ajar. Et oui, Ajar a eu un fils (si, si !). Ça vous en bouche un coin ?!

Et, croyez-moi, ce monologue est tout sauf barbant. Ça fuse, ça virevolte, c’est drôle, c’est mélancolique et c’est intelligent.

Arrêtez tout ! Ce petit livre est un trésor.

Il ne ressemble à rien mais il contient un monde, le monde.

Chacune de ses 88 pages est précieuse, vous illumine. Enfin ! Enfin une parole qui vous élève, qui dévoile une évidence devant vous, évidence ternie et occultée par tous les discours et injonctions délétères de notre société.

C’est comme une renaissance. Vous êtes au monde. Vous savez ? Avant qu’on vous enferme dans une origine, une religion, une couleur, une éducation, des traditions. Soudain, vous êtes riche de tout ce que vous avez été mais surtout de tout ce que vous serez. Tout est possible, rien ne nous limite, surtout pas notre identité.

C’est vertigineux ! Comme si les poids qui nous lestaient se détachaient (on va frôler le développement personnel 😂). On est enfin incomplet et toutes les possibilités qui s’offrent à nous sont grisantes (oui, j’ai vu la Vierge 🤪).

Après la lecture, on se sent riche de tout ce qu’on n’est pas. On se sent joyeux, libre, reconnaissant, un peu triste aussi parce que bon, y’a Gary, y’a Ajar, y’a Madame Rosa, parce que parfois, une révélation ça fait souffrir. Il faut lutter pour conquérir sa liberté.

Il devrait être obligatoire

C’est un plaidoyer contre les revendications, le renfermement, les certitudes… Un plaidoyer pour la liberté.

Et en plus, Delphine est drôle ! Elle s’amuse de tout, y compris de la religion. Yallah, enfin !

Et elle raconte si bien les histoires. On est transporté dans un monde de contes et légendes.

J’ai mis 1h30 à le lire. 1h30 de pur bonheur, ça n’a pas de prix.

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