ON VA DÉGUSTER PARIS de François-Régis Gaudry et ses amis

M’en vais vous expliquer pourquoi ce livre est le cadeau parfait !

Mais d’abord, qui est François-Régis ?

Journaliste, critique gastronomique, animateur radio et télévision, c’est un peu le Giroud de la cuisine (oui, je regarde le match 🤪). Son émission radio « On va déguster » est connue et reconnue et, depuis 2015, il la décline en livres. Après la France, l’Italie (un jour je vous causerai de l’Italie, Mamma Mia), c’est au tour de Paris d’être à l’honneur.

C’est un beau livre

Que dis-je ? Magnifique !

La couverture est sublime. Ça vire à l’objet de décoration d’intérieur. Même si on ne l’ouvre pas, il envoie du bois (enfin, ce serait vraiment très très con de ne pas l’ouvrir).

L’intérieur tient toutes les promesses faites par la couverture. La mise en page, le graphisme, les illustrations, les photos. C’est bien simple : tout est appétissant.

Seul bémol : les photos, trop petites (vive les verres progressifs).

C’est un gros livre bien lourd, le cadeau parfait

Par manque d’idées ou de moyens, on se rabat la plupart du temps sur les gadgets qui sont certes amusants mais qui finissent souvent au fond d’un tiroir. En plus, comme un gadget, c’est trop peu, on en achète plusieurs et finalement ça nous coûte un rein et ça ne servira pas.

Avec ce livre, qui pèse (oui, tout à fait, je l’ai pesé, je suis une psychopate 🤪) 1.883 kilos, qui est bien épais et d’une taille estimable, vous faites votre petit effet niveau cadeau.

Alors, bien sûr, il a un prix, 42.90 euros. Mais, imaginez : entre Odette qui veut de l’authentique, Bernard qui cache à peine sa déception en ouvrant le présent, leurs ados qui n’aiment que le fourbi qui se branche et ça, c’est que d’un côté de la famille !

Je vais donc vous dire ce qu’il va se passer : vous avez autant d’idées qu’un lendemain de cuite, vous allez partir dans une expédition digne d’Indiana Jones à essayer de fendre une foule au mieux hébétée, au pire excédée et enragée, à vous réjouir d’avoir mis la main sur la dernière clé USB pourrie, en forme de mammouth (ne me demandez pas pourquoi le mammouth), au prix de votre intégrité physique et mentale.

Eh bien ce cadeau vaut pour toute la famille ! Au pire, Bernard fera un bœuf mironton sauvant ainsi son couple et les mioches apprendront où déguster le meilleur kébab de la capitale.

Bref, vous vous en sortez à bon compte et faites plaisir à tout le monde avec un cadeau qui en jette.

C’est un livre multiple

  • Livre de cuisine. Avec des recettes emblématiques de Paris et y’en a pour tous les goûts. Vous connaissez, vous, les petits pois à la française ? La talmouse de Saint-Denis ? Les huit potages de Paris ? Et le vrai œuf mayo, la chouquette, on en prend plein les mirettes et on salive.
  • Livre d’histoire. Entre l’origine des us et coutumes culinaires, des plats emblématiques, du p’tit noir, des préférences de nos présidents, des chefs qui ont fait date… C’est toute l’histoire de Paris qui défile.
  • Livre de géographie. N’en déplaise aux provinciaux qui traitent le parisien de tête de veau, ce sont eux qui ont fait la renommée culinaire de la capitale. Entre les savoyards, les bougnats, les bretons, les alsaciens et j’en passe. C’est toute la France qu’on retrouve à Paris et même le monde !
  • Livre people. Vous découvrirez les secrets et les addictions des plus grands, Gainsbourg, Colette, Sagan, etc. Les établissements les plus hypes avec leurs stars, leur prix littéraire ou leur mur de célébrités.
  • Livre sociologique, d’architecture, culturel.

Bref, vous l’aurez compris, c’est un livre coup de cœur, une déclaration d’amour à Paris, une ode à la gastronomie, à la bouffe, à la tambouille, à l’ordinaire, à la popote.

Bon appétit et bonnes fêtes à tous !

PEAU D’HOMME de Hubert et Zanzim

Mais quelle est donc la différence entre une BD et un roman graphique ?

Le roman graphique semble se vouloir plus respectable. Plus long, il raconte une histoire entière sans avoir besoin de plusieurs tomes et surtout une histoire plus ambitieuse. 🧐 Mouais. Franchement ça me semble un peu subjectif tout ça.

Art Spiegelman aurait dit : « Un roman graphique est une bande dessinée qui nécessite un marque-page”.

Je vais faire ma vieille réac mais ça me semble du snobisme.

Bref, je vais vous parler d’une bande dessinée, une BD, comme quand j’étais petite.

Mais pas n’importe quelle BD !

J’en avais entendu parler il y a longtemps déjà. Des critiques dithyrambiques, des prix à foison, un bel objet à la couverture magnifique. Mais j’ai passé mon chemin en pensant à ma pile de livres.

Hé bien, mieux vaut tard que jamais ! Je suis tellement heureuse de ne pas être passée à côté.

Dans l’Italie de la renaissance, Bianca, jeune fille d’une famille honorable, est promise à Giovanni, un jeune marchand aisé, respecté et très bien fait de sa personne.

Il s’agit bien évidemment d’un mariage arrangé. Bianca ne connaît pas son futur époux. Elle est belle, mais la beauté n’a jamais constitué une dot. Tout au plus une convoitise ou un trophée. Les négociations sont âpres entre les familles.

Beaucoup de jeunes filles seraient ravies, toutes n’ont pas la chance de se voir destiner un mari de leur âge et agréable à regarder. En témoignent ses meilleures amies.

Pourtant, quelque chose chiffonne Bianca. Elle voudrait connaître son promis avant de l’épouser. Quelle idée farfelue ! Réjouis-toi, pauvre sotte et arrête d’avoir des pensées extravagantes !

Seule sa marraine semble lui accorder crédit. Elle propose aux parents de Bianca d’héberger quelques jours sa filleule avant le mariage. Elle va alors lui révéler l’existence d’un secret de famille. Il s’agit d’un trésor qui a traversé les générations de femmes et connu d’elles seules : une peau d’homme.

Dans sa nouvelle peau, Bianca va découvrir le monde des hommes.

Tout le monde devrait avoir une peau de l’autre sexe.

Je trouve que tout le monde devrait vivre cette expérience.

Les femmes expérimenteraient la liberté absolue (enfin presque, n’exagérons rien). La liberté de se promener sans se faire interpeller, sans avoir peur, sans être la cible de reproches quant à leur tenue. La liberté de pouvoir parler impunément sans craindre les sous-entendus. La liberté de faire le premier pas aussi, de penser d’abord à leur plaisir sans passer pour des nymphomanes de la pire espèce. Mais également connaître les injonctions faites aux hommes, celles d’être des mâles, des vrais.

Quant aux hommes, passer une journée dans la peau d’une femme devrait être obligatoire (oui, j’ai un fond dictatorial 😈). À la fin de la journée, je pense que le problème serait réglé. Après s’être fait apostropher et avoir subi quelques mains au cul plus deux ou trois frottements dans le métro, je pense qu’ils comprendraient tous. L’éducation par la mise en pratique !

Mais revenons-en à Peau d’homme. Cette BD est un bijou de beauté et d’intelligence. Elle parle de genre, de tolérance, de liberté, du poids des convenances et de la religion, d’égalité des sexes, d’homosexualité.

Fourre-tout et dans l’air du temps me direz-vous ? Que nenni !

Cet ouvrage magnifique évite tous les pièges et clichés. Il ne se prend pas au sérieux pour aborder des thèmes qui le sont. Mais il le fait consciencieusement. C’est intelligent, léger, drôle, pétillant comme une coupe de champagne et d’une beauté incroyable. Une sorte de conte immersif qui vous fait réfléchir bien longtemps après l’avoir terminé.

Le traité graphique est à couper le souffle. On se croirait dans un théâtre. Une fois les décors intégrés, la priorité est donnée aux personnages qui semblent s’animer sous nos yeux. Le dessin est simple, presque épuré et les couleurs sont superbes de justesse.

Bon, vous l’aurez compris, j’ai kiffé cette BD. Noël approche et c’est une excellente idée cadeau pour TOUT LE MONDE, adultes, adolescent·e·s, c’est un vrai livre d’utilité publique. Zou !

Bonne semaine à tous !

LES GRATITUDES de Delphine de Vigan

J’ai des préjugés !

Il y a des écrivains qui me font fuir sans aucune raison objective, vu que je ne les ai jamais lus : Marc Levy, Anna Gavalda, Tatiana de Rosnay, Guillaume Musso et … Delphine de Vigan en font partie.

Pourquoi ? Parce que ce sont les auteurs les plus lus en France ? Parce qu’ils ont du succès ? Serait-ce donc pure jalousie de ma part ? 🤔

Peut-être 😈… ou pas. Le problème est qu’ils sont partout et qu’ils sont parfaits. Ils submergent les Fnac et les librairies, ils enchaînent les critiques élogieuses et ils vendent. À Noël, c’est l’idée cadeau qui vous évite de vous planter. Quand ma liseuse m’envoie des alertes sur « Les 10 meilleurs livres de l’année » ou autre liste de best-sellers, bim, ils sont dedans. Les rares fois où j’ai vu ou lu une interview d’eux, rien ne dépasse, ils sont charmants, sensibles, spirituels et légèrement tourmentés, comme s’ils avaient une blessure ancienne et secrète (mais n’insistez surtout pas ! Elle restera secrète, mais un peu visible quand même). Parfaits, vous dis-je ! Justement, peut-être un peu trop parfaits et consensuels.

Quand ma route croise celle de Delphine…

Vous ai-je déjà parlé de mes très chers amis, Céline et Laurent ? Après m’avoir poussé au suicide en m’offrant Glaise de Franck Bouysse, ils ne désespèrent pas et récidivent avec Les Gratitudes (la question qui va finir par s’imposer c’est : me veulent-ils du mal ?). Je suis taquine, car, grâce à eux, je vais enfin découvrir Delphine !

Je commence les deux premiers chapitres… et je DÉTESTE AVOIR RAISON 😭 ! Je laisse donc la place à ma jumelle maléfique pour la suite de cette chronique.

Ce livre m’a donné envie d’étrangler des chatons.

C’est Michka. Elle est vieille. Elle ne peut plus vivre seule dans son appartement. Elle n’a pas d’enfants naturels, mais elle a une fille de cœur : Marie. Michka est prête à partir, mais elle doit réaliser une dernière chose avant, comme un solde de tout compte.

C’est plein de bons sentiments, mielleux, doux, sucrés, qui vous culpabilisent bien. Hein, toi là, oui, toi 👉 !!! Quand as-tu dit merci pour la dernière fois ? Pas un merci quand on te tient la porte. Non ! Un vrai merci, un merci qui fait chialer quand tu le dis ou quand tu le reçois ! Tu sais que les gens vont mourir ? Dépêche-toi, ingrate !!!

Je sais que c’est facile de critiquer les bons sentiments mais merde, c’est facile aussi de les surexploiter !

On veut tous de la douceur, de l’amour, de la bienveillance et des crêpes au Nutella (même si ça fait mourir les orangs-outans), moi y compris, mais à ce stade, c’est l’overdose. J’ai l’impression de lire le livre d’un calino-thérapeute.

C’est pas grave, on va se refaire sur le style et l’histoire.

Eh ben non ! C’est propre, bien écrit, rien à dire. RIEN À DIRE 😱 ! Quant à l’histoire, c’est celle qu’on pressent. Aucune surprise, aucun étonnement !

C’est ce qu’on appelle un livre bien ficelé. Sauf que ça ne suffit pas. Un livre ne doit pas être bien ficelé, ni correct, ni efficace.

Je n’ai pas aimé Les Gratitudes. C’est exactement ce à quoi je m’attendais. Comme quoi, parfois les préjugés ont du bon.

POUSSIÈRE D’ÉTINCELLES & VERRES FUMÉS de Mehdi Masud

Un lapin pris dans les phares d’un 38 tonnes…

… Voilà à quoi je ressemble depuis que j’ai lu ce livre !

Et pourtant, les planètes n’étaient pas alignées ! Un petit éditeur me propose de choisir un ouvrage dans son catalogue. Aucun des titres ne me parlent, impossible de deviner ni le sujet, ni le style. Les auteurs, n’y pensons pas ; d’illustres inconnus de moi. Ça commence mal. Étant adepte du « y’a pas de fumée sans feu », s’ils ne sont pas connus, c’est qu’il y a une raison, non ? Bref, je cherche laborieusement sur quels critères je vais pouvoir faire mon choix. Foutu pour foutu, je prends le titre le plus long et le plus impénétrable. Ça tombe sur Mehdi !

Quelques jours après, je reçois l’ouvrage. Je déteste la couverture, heureusement, la tranche est mince (la tranche du livre, je précise). Au moins, ça ira vite ! Je commence, ce sont des nouvelles et j’ai horreur des nouvelles 😭. L’éventualité d’un karma pourri me traverse l’esprit avant que mon professionnalisme légendaire ne prenne le dessus.

Arrêtez tout ce que vous êtes en train de faire et LISEZ CE LIVRE !

Je doute que cette chronique réussisse à exprimer l’immense talent de l’auteur et le maelström d’émotions que j’ai ressenti à la lecture de son livre. J’imagine que ça doit être comme ça, d’assister à un miracle. Un miracle, qu’en plus, vous n’attendiez pas et qui n’en a que plus de puissance.

Plus que des nouvelles, ce sont des instantanés. Aucune logique ne les relie. Seul fil rouge : les récits écrits à la première personne du singulier, qui racontent des bouts d’autobiographie.

Ici, pas d’histoire, de début, milieu ou fin. Pas de héros à sauver. Juste des scènes, comme des Polaroïds pris sur le vif. Les personnages sont aussi différents que possible. Leur point commun ? L’absurdité du monde, dont ils tentent de s’accommoder comme ils peuvent. C’est ce qui les rend si attachants. Pas de bons, pas de méchants, pas de crétins. Rien que des gens qui mènent tous une lutte intérieure, chacun à leur façon. Sans grands discours, sans belles phrases à la con, juste avec l’égoïsme nécessaire pour vivre et prendre ce qu’il y a à prendre.

Mehdi’s style

Bon sang, c’est pas possible, c’est pas comme ça qu’on écrit ! On a envie de lui dire de revoir ses fondamentaux. De la structure, Mehdi, merde ! Et pourtant, ça fonctionne ! En trois phrases, vous êtes dans le Polaroïd ou plutôt vous vous prenez le flash en pleine gueule. C’est tour à tour drôle, jouissif, cruel, absurde, tendre. C’est génial ! Il est fort, très fort. Il maîtrise tellement qu’il peut tout se permettre. Il vous entraîne dans son rythme, ça fuse, ça jaillit, ça claque, ça secoue. C’est désabusé, mais ça file une énergie incroyable. Ça pourrait ressembler à du Houellebecq si ce n’était beaucoup mieux.

J’étais tellement à fond que j’ai même cru que les phrases en gras à chaque début de nouvelles, en formaient une autre, d’histoire. Genre, un secret que personne n’a vu, comme Bowie dans son dernier album, et que j’allais être seule à découvrir. Ben non, ou peut-être que si, après tout. 

Mais pourquoi est-il si peu connu ? Qu’on lui file le Goncourt, que tous les critiques littéraires se prosternent devant lui, qu’il soit l’invité d’honneur des fêtes parisiennes les plus décadentes, que sais-je ! Et par la même occasion, qu’on invite l’éditeur qui a découvert cette pépite !

Bon, là, si je vous ai pas donné envie de lire ce livre, j’y arriverai jamais. Mais une dernière chose : je lis pour vivre plus grand, pour ressentir des choses qui sont rares dans la vraie vie. C’est pour ce genre de livres que je lis.

C’est bientôt Noël, lisez-le, offrez-le ! Vous ne trouverez pas de cadeau à meilleur rapport qualité/prix (je précise que cette chronique est indépendante et non rétribuée, des fois que vous pensiez que je touche un pourcentage 😁).

Forcément, « Poussière d’étincelles & Verres fumés » ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval mais ce n’est pas insurmontable non plus. Vous pouvez le commander chez votre libraire ou via le site de l’éditeur http://www.crispation-editions.fr

Ah, au fait, j’ai jamais lu Cioran 😭😱.

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