JUST KIDS de Patti Smith

Où je découvre Patti Smith !

La Nouvelle Star mène à tout ! J’ai découvert Patti Smith grâce à ce programme, il y a presque dix ans. Une candidate avait choisi Because The Night pour la phase des sélections. Seule avec sa guitare, elle chantait divinement bien, mais, surtout, je suis restée scotchée par la chanson !

Patti Smith : je connaissais vaguement le nom.

Zou ! Direction Google pour en savoir plus sur l’auteure de ce bijou. Patti, c’est d’abord un physique : une silhouette frêle et androgyne, une tignasse noire corbeau encadrant un visage racé de jeune Cherokee, à l’attitude rebelle et fière. Whaouuuuu !

Icône de la scène rock et punk des années 70, elle touche à tout, musique, poésie, peinture, photographie. Ses amants les plus célèbres sont Robert Mapplethorpe et Sam Shepard. Bref, on frôle la légende.

Où je découvre Robert Mapplethorpe !

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À l’époque, son nom m’évoque un artiste pointu qui a bossé avec Warhol. Mais j’en reste là, focalisée que je suis sur Patti, puis j’oublie…pendant dix ans.

C’était sans compter avec Népoux. Il y a quelques mois, on terminait une expo par notre sacro-sainte visite à la librairie du musée. Népoux me rejoint avec l’air d’un type qui vient de découvrir un gisement d’or et me tend un bouquin de photos. Je le cite « Des photos diiiingues, non mais regarde ! J’ai rarement vu aussi beau et aussi fort ».

Je feuillète le bouquin (qui est un recueil de photos de Robert) et c’est un choc esthétique ! Toutes les photos sont superbes, en noir et blanc, ultra stylisées. Le travail sur la lumière est phénoménal, le rendu est spectral, fantomatique, quels que soit les sujets.

Les sujets, parlons-en ! Portraits, fleurs, nudité masculine ou sexes, il réussit à tout rendre sublime et sensuel. Lumière, cadrage, grain, tout concourt à un esthétisme magistral qui me bouleverse. On touche à la beauté à l’état pur. Robert est un génie !

Subjuguée par Patti et Robert, j’étais fin prête pour lire Just Kids !

Rarement titre aura été aussi parfait !

Car c’est bien ça, le sujet de ce livre autobiographique : l’histoire de ces deux gamins de la classe moyenne américaine, arrivant fauchés dans la grande pomme, qui vouent une fascination à l’art dans ce qu’il a de plus absolu et extrême et qui veulent y consacrer leur vie. « Pour eux, le monde tout entier était un terrain de jeu magique et l’art tout simplement un mode de vie ».

On les suit dans le New-York underground des années 70, royaume du sexe et de la drogue, peut-être, mais surtout d’une liberté vertigineuse qui nous effraierait aujourd’hui malgré toutes les avancées que l’on se gausse d’avoir obtenues. On parcourt des lieux mythiques peuplés de légendes. On se prend à rêver d’un Eden disparu même si l’on se fourvoie.

Ils sont désarmants, candides, fragiles, timides, comme des enfants, mais aussi, courageux, déterminés, presque invincibles tant ils sont sûrs de leur destinée. « … c’était une période magique et on croyait en la magie ».

Je pense aux Clochards Célestes de Kerouac, je pense à La Bohème d’Aznavour. C’était peut-être la bohème sous acid, le Sida a sifflé la fin de la récré, mais, bon sang, quelle bande de gamins flamboyants !

MY ABSOLUTE DARLING de Gabriel Tallent

 

Ça, pour être au taquet, j’étais au taquet !

Je me souviens exactement quand et comment ça a commencé.

C’était la semaine du 5 mars 2018. J’étais sur Twitter (vous ai-je déjà dit que j’ADOOORAIS Twitter ?), quand soudain, je vois un tweet de La Grande Librairie.

Jusque là, rien d’anormal.

Une vidéo montre François Busnel qui annonce le programme du jeudi 8 mars (oui, je vous parle d’un temps où La Grande Librairie, c’était le jeudi).

Jusque là, rien d’anormal.

Sauf que François parle d’un livre et d’un auteur avec une frénésie rarement vue.

Ça, c’est anormal.

OK,  il est toujours enthousiaste, un mélange de fougue et d’expérience, tout en harmonie et sagesse, genre vieux baroudeur qui en a lu du bouquin et qui maîtrise. D’habitude, il titille la curiosité du téléspectateur, certes, m’enfin, je l’ai rarement vu sauter au plafond !

Là, il trépigne et ose dire qu’il s’agit d’un des meilleurs livres qu’il ait lu depuis longtemps. Tellement bon qu’il s’est déplacé aux USA pour rencontrer l’écrivain responsable de cette pépite.

Ça, c’est carrément anormal !

Bon, je soupçonne France 5 de ne pas l’avoir envoyé là-bas que pour ça, économies d’échelle oblige, mais quand même !

Déjà, la bibliothécaire (avec son flair légendaire 😂) se dit qu’il se passe un truc.

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’Olivia de Lamberterie de faire une critique dithyrambique du même roman. Puis, dans les semaines qui suivent, les magazines s’emparent du sujet, et vas-y que ce livre est dingue, qu’il va vous hanter longtemps, qu’il est dur mais bon sang qu’on frôle le chef d’œuvre.

J’apprends que le livre a été un phénomène aux USA, que Stephen King n’a pas eu de mots assez élogieux à son égard.

STOP ! Ça suffit maintenant ! Je l’achète !

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Chef d’œuvre ou pas chef d’œuvre ?

La vie étant ce qu’elle est (surtout la mienne 😳), je n’ai attaqué ce livre qu’il y a 10 jours.

Effectivement, on a fait plus gai 😱.

Californie du nord. Turtle, une gamine de 14 ans, vit seule avec son père, un survivaliste, violent, manipulateur, toxique. Le high level de l’ordure ! L’unique vie sociale de Turtle se résume au collège, et encore, elle ne se laisse pas approcher de trop près. Elle est capable de monter et démonter toutes les armes possibles et inimaginables, de survivre seule une semaine en pleine nature sauvage en se nourrissant de baies et de chasse (une vraie chasseuse/cueilleuse), de soigner des blessures que même dans Grey’s Anatomy tu mourrais. En revanche, aligner plus de trois mots, retenir du vocabulaire nouveau, se concentrer au collège, cela semble au-dessus de ses forces. La rencontre d’un adolescent, Jacob, va la bouleverser, au point, pour la première fois, d’envisager de sauver son âme et sa peau.

Alors, oui, j’ai aimé ce livre, mais je n’ai pas adhéré à tout.

– L’auteur réussit à nous projeter dans un univers terrible et en même temps lumineux.

– Rien n’est tout noir, rien n’est tout blanc, j’ai même réussi à avoir de l’empathie pour une charogne, c’est vous dire !

– J’ai admiré le courage et la résilience de Turtle.

– C’est un livre très visuel, très « cinématographique » (je parie pour une adaptation prochaine). C’est surtout un premier roman, avec une maîtrise incroyable et une écriture quasi chirurgicale.

Mais (ben oui, il y a un mais, même plusieurs) :

– J’espère que vous aimez la nature, car vous allez vous manger des descriptions à n’en plus finir, de plantes, de bestioles, de paysages avec plein de termes inconnus au bataillon. Je comprends que la nature sauvage soit centrale dans ce livre, mais là c’est trop pour moi !

– Jacob et son poto sont hyyyyper sympas… mais je vous mets au défi de me trouver deux adolescents comme eux. J’ai la prétention d’avoir un chouïa d’expérience en la matière et j’ai trouvé ces deux portraits trop atypiques pour être réalistes.

– Insoutenable, dérangeant, un livre coup de poing… Je sais que beaucoup ne seront pas d’accord avec moi (personne d’ailleurs, tant ce livre est unanimement apprécié), mais, non, ce n’est pas insoutenable. Peut-être, justement, parce que les descriptions de la nature ont cassé mon rythme de lecture ; peut-être parce que tout est « trop » dans cette histoire ; peut-être parce que, dans un livre, il ne suffit pas que l’histoire soit dure pour que ça vous prenne aux tripes.

 

 

COMME ILS DISENT de Charles Aznavour

Parce que l’artiste était curieux, enthousiaste toujours, espiègle parfois.

Parce que, malgré son grand âge, il n’est jamais tombé dans le « C’était mieux à mon époque ».

Parce qu’il parlait de la vie comme personne.

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J’habite seul avec maman
Dans un très vieil appartement rue Sarasate.
J’ai pour me tenir compagnie
Une tortue deux canaris et une chatte.
Pour laisser maman reposer
Très souvent je fais le marché et la cuisine.
Je range, je lave et j’essuie,
A l’occasion je pique aussi à la machine.
Le travail ne me fait pas peur
Je suis un peu décorateur un peu styliste.
Mais mon vrai métier c’est la nuit
Que je l’exerce travesti, je suis artiste.
Jai un numéro très spécial
Qui finit en nu intégral après strip-tease.
Et dans la salle je vois que
Les mâles n’en croient pas leurs yeux.
Je suis un homo comme ils disent.
Vers les trois heures du matin
On va manger entre copains de tous les sexes
Dans un quelconque bar-tabac.
Et là on s’en donne à cœur joie et sans complexe.
On déballe des vérités
Sur des gens qu’on a dans le nez, on les lapide.
Mais on le fait avec humour
Enrobés dans des calembours mouillés d’acide.
On rencontre des attardés
Qui pour épater leurs tablées marchent et ondulent.
Singeant ce qu’ils croient être nous
Et se couvrent, les pauvres fous, de ridicule.
Ça gesticule et parle fort
Ça joue les divas, les ténors de la bêtise.
Moi les lazzi, les quolibets
Me laissent froid puisque c’est vrai.
Je suis un homo comme ils disent.
A l’heure où naît un jour nouveau
Je rentre retrouver mon lot de solitude.
J’ôte mes cils et mes cheveux
Comme un pauvre clown malheureux de lassitude.
Je me couche mais je ne dors pas
Je pense à mes amours sans joie si dérisoires.
A ce garçon beau comme un Dieu
Qui sans rien faire a mis le feu à ma mémoire.
Ma bouche n’osera jamais
Lui avouer mon doux secret mon tendre drame.
Car l’objet de tous mes tourments
Passe le plus clair de son temps au lit des femmes.
Nul n’a le droit en vérité
De me blâmer de me juger et je précise
Que c’est bien la nature qui
Est seule responsable si
Je suis un « homme oh » comme ils disent.

LA BOHÈME de Charles Aznavour

Je pourrais écouter cette chanson en boucle… et partir faire du macramé dans le Larzac 😂

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Je vous parle d’un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Montmartre en ce temps-là
Accrochait ses lilas
Jusque sous nos fenêtres
Et si l’humble garni
Qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C’est là qu’on s’est connu
Moi qui criait famine
Et toi qui posais nue
La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On est heureux
La bohème, la bohème
Nous ne mangions qu’un jour sur deux
Dans les cafés voisins
Nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire
Et bien que miséreux
Avec le ventre creux
Nous ne cessions d’y croire
Et quand quelque bistro
Contre un bon repas chaud
Nous prenait une toile
Nous récitions des vers
Groupés autour du poêle
En oubliant l’hiver
La bohème, la bohème
Ça voulait dire
Tu es jolie
La bohème, la bohème
Et nous avions tous du génie
Souvent il m’arrivait
Devant mon chevalet
De passer des nuits blanches
Retouchant le dessin
De la ligne d’un sein
du galbe d’une hanche
Et ce n’est qu’au matin
Qu’on s’asseyait enfin
Devant un café-crème
Épuisés mais ravis
Fallait-il que l’on s’aime
Et qu’on aime la vie
La bohème, la bohème
Ça voulait dire
On a vingt ans
La bohème, la bohème
Et nous vivions de l’air du temps
Quand au hasard des jours
Je m’en vais faire un tour
À mon ancienne adresse
Je ne reconnais plus
Ni les murs, ni les rues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d’un escalier
Je cherche l’atelier
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor
Montmartre semble triste
Et les lilas sont morts
La bohème, la bohème
On était jeunes
On était fous
La bohème, la bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout

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