MALEVIL de Robert Merle

Robert Merle, Robert Merle 🤔

Un poète ? Un vieux poète ? Grabataire ? Mort ? Bon sang, je ne sais rien de lui, je le connais de nom mais après, c’est le vide intersidéral. Forcément, on me l’a conseillé, je ne pense pas à Robert Merle le matin en me rasant.

« Si, si, c’est vraiment bien, je suis sûre que tu aimeras », « Malevil a marqué mon adolescence ». Diantre ! Carrément ? En voilà une personne audacieuse et qui ne manque pas d’air.

On va déjà le googleliser pour voir sa tête. Robert. On me propose Roberto Alagna, Robert Palmer, Robert Mitchum. Manifestement, y’a pas que moi qui suis passée à côté.

Je l’ai ! J’apprends qu’il est né en Algérie en 1908 et mort en 2004 dans les Yvelines. Ça ne m’avance pas beaucoup. En revanche, coup de tonnerre, c’est lui qui a écrit « La mort est mon métier ». Saperlipopette, j’ai déjà lu du Robert Merle. J’apprends que son premier roman est « Week-end à Zuydcoote » qui a obtenu le prix Goncourt dans la foulée et une adaptation cinématographique 15 ans plus tard avec Jean-Paul Belmondo.

C’est de l’excellent pedigree, je me laisse donc convaincre. Zou pour « Malevil » !

Ça commence comme du Pagnol….

Emmanuel, le narrateur raconte sa vie dans la France des campagnes. Il dit sa région et ses habitants hauts en couleur. Ça fleure bon le terroir, les champs, le pâté de campagne et la vie simple ; pas forcément plus heureuse mais plus simple en apparence. La narration est fluide et maîtrisée. Le language est multiple, châtié, patoisé. C’est drôle, émouvant, époustouflant. C’est vif comme un animal sauvage, gouleyant comme un bon vin.

L’Événement

Emmanuel nous parle de sa vie et de ses bornes c’est-à-dire les étapes clés qui l’ont jalonnée. Il y en a 7. Jusqu’à l’Événement. Au stade où j’en suis je me dis que l’Événement est un accident de voiture qui l’a laissé paralysé ou la découverte qu’il est le fils caché du chatelain du coin ou encore qu’il a un oncle en Amériques qui, en mourant, lui lègue toute sa fortune. AhAhAh, que nenni ! Putain, l’Événement ! Mais l’Événement bon sang ! Heureusement que je n’ai pas googlelisé le livre avant, ça m’aurait volé le choc et l’incrédulité que j’ai ressentis.

A partir de l’Événement, un deuxième livre commence.

Oubliez tout ce que vous savez, on change de paradigme. Exit ce quotidien rural, rassurant, éternel. Sans changer de lieu, on se découvre perdus, vulnérables et terriblement imparfaits.

Momo

Emmanuel n’est pas seul. Il y a La Menou, Peyssou, Meyssonnier, Miette, Colin, La Falvine et Thomas, pour ne citer qu’eux.

Et il y a Momo. Momo, c’est le fils de La Menou. Un grand costaud de 49 ans, simple d’esprit, que sa mère protège, couve et rabroue.

Momo c’est mon coup de ❤️. Il m’a fait rire et pleurer. Il s’exprime difficilement, déteste se laver. Je le voyais, sous mes yeux, en train de courir se cacher quand sa mère l’appelait pour la douche. Et quel couple avec sa mère ! Ils ont été tous les deux mes plus grands fous rires de l’été.

 Je ne peux pas vous en dire plus. Lisez-le, mais sans vous renseigner sur internet avant, sans lire le résumé. Soyez vierge de toute cette histoire et laissez-vous porter. Que c’est beau un livre singulier qui vous saisit comme ça.

Je finirai avec Momo et une de ses fameuses phrases : « Mé bouémalabé oneieu emebalo ».

A vous de trouver sa traduction !

MY ABSOLUTE DARLING de Gabriel Tallent

 

Ça, pour être au taquet, j’étais au taquet !

Je me souviens exactement quand et comment ça a commencé.

C’était la semaine du 5 mars 2018. J’étais sur Twitter (vous ai-je déjà dit que j’ADOOORAIS Twitter ?), quand soudain, je vois un tweet de La Grande Librairie.

Jusque là, rien d’anormal.

Une vidéo montre François Busnel qui annonce le programme du jeudi 8 mars (oui, je vous parle d’un temps où La Grande Librairie, c’était le jeudi).

Jusque là, rien d’anormal.

Sauf que François parle d’un livre et d’un auteur avec une frénésie rarement vue.

Ça, c’est anormal.

OK,  il est toujours enthousiaste, un mélange de fougue et d’expérience, tout en harmonie et sagesse, genre vieux baroudeur qui en a lu du bouquin et qui maîtrise. D’habitude, il titille la curiosité du téléspectateur, certes, m’enfin, je l’ai rarement vu sauter au plafond !

Là, il trépigne et ose dire qu’il s’agit d’un des meilleurs livres qu’il ait lu depuis longtemps. Tellement bon qu’il s’est déplacé aux USA pour rencontrer l’écrivain responsable de cette pépite.

Ça, c’est carrément anormal !

Bon, je soupçonne France 5 de ne pas l’avoir envoyé là-bas que pour ça, économies d’échelle oblige, mais quand même !

Déjà, la bibliothécaire (avec son flair légendaire 😂) se dit qu’il se passe un truc.

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’Olivia de Lamberterie de faire une critique dithyrambique du même roman. Puis, dans les semaines qui suivent, les magazines s’emparent du sujet, et vas-y que ce livre est dingue, qu’il va vous hanter longtemps, qu’il est dur mais bon sang qu’on frôle le chef d’œuvre.

J’apprends que le livre a été un phénomène aux USA, que Stephen King n’a pas eu de mots assez élogieux à son égard.

STOP ! Ça suffit maintenant ! Je l’achète !

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Chef d’œuvre ou pas chef d’œuvre ?

La vie étant ce qu’elle est (surtout la mienne 😳), je n’ai attaqué ce livre qu’il y a 10 jours.

Effectivement, on a fait plus gai 😱.

Californie du nord. Turtle, une gamine de 14 ans, vit seule avec son père, un survivaliste, violent, manipulateur, toxique. Le high level de l’ordure ! L’unique vie sociale de Turtle se résume au collège, et encore, elle ne se laisse pas approcher de trop près. Elle est capable de monter et démonter toutes les armes possibles et inimaginables, de survivre seule une semaine en pleine nature sauvage en se nourrissant de baies et de chasse (une vraie chasseuse/cueilleuse), de soigner des blessures que même dans Grey’s Anatomy tu mourrais. En revanche, aligner plus de trois mots, retenir du vocabulaire nouveau, se concentrer au collège, cela semble au-dessus de ses forces. La rencontre d’un adolescent, Jacob, va la bouleverser, au point, pour la première fois, d’envisager de sauver son âme et sa peau.

Alors, oui, j’ai aimé ce livre, mais je n’ai pas adhéré à tout.

– L’auteur réussit à nous projeter dans un univers terrible et en même temps lumineux.

– Rien n’est tout noir, rien n’est tout blanc, j’ai même réussi à avoir de l’empathie pour une charogne, c’est vous dire !

– J’ai admiré le courage et la résilience de Turtle.

– C’est un livre très visuel, très « cinématographique » (je parie pour une adaptation prochaine). C’est surtout un premier roman, avec une maîtrise incroyable et une écriture quasi chirurgicale.

Mais (ben oui, il y a un mais, même plusieurs) :

– J’espère que vous aimez la nature, car vous allez vous manger des descriptions à n’en plus finir, de plantes, de bestioles, de paysages avec plein de termes inconnus au bataillon. Je comprends que la nature sauvage soit centrale dans ce livre, mais là c’est trop pour moi !

– Jacob et son poto sont hyyyyper sympas… mais je vous mets au défi de me trouver deux adolescents comme eux. J’ai la prétention d’avoir un chouïa d’expérience en la matière et j’ai trouvé ces deux portraits trop atypiques pour être réalistes.

– Insoutenable, dérangeant, un livre coup de poing… Je sais que beaucoup ne seront pas d’accord avec moi (personne d’ailleurs, tant ce livre est unanimement apprécié), mais, non, ce n’est pas insoutenable. Peut-être, justement, parce que les descriptions de la nature ont cassé mon rythme de lecture ; peut-être parce que tout est « trop » dans cette histoire ; peut-être parce que, dans un livre, il ne suffit pas que l’histoire soit dure pour que ça vous prenne aux tripes.

 

 

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