LIV MARIA de Julia Kerninon

Chaud / Froid

Avant même d’ouvrir le livre, j’ai fait le grand huit.

D’abord ce titre « Liv Maria ». Magnifique. Un prénom de femme qui raconte une histoire à lui seul.

  • Liv, les pays du nord, le froid, les grands espaces, la mer et la rudesse.
  • Maria, le sud, la chaleur, la liberté, l’excès.

Un prénom à part qui exprime aussi la solitude. Partout chez soi et nulle part. Le titre nous invite. Allez viens, je t’emmène en voyage. Ce sera pas forcément un voyage d’agrément, il y aura de la houle mais ce sera beau.

Et puis cette phrase de présentation qui gâche tout : « Je suis mère, je suis menteuse, je suis une fugitive et je suis libre ». Vous commenciez à imaginer et on vous met un gros STOP. Ma fille, on va pas te laisser divaguer, tu vas suivre le cadre fixé. Mais arrêtez avec les phrases de présentation ! C’est censé donner envie mais ça caricature, ça agresse et ça ment sur la marchandise.

Mais quand même, ce prénom, ça vaut le coup de creuser

C’est parti !

Liv Maria est une enfant sauvage. Thure, son père, marin norvégien, a rencontré Mado, sa mère, qui tient le café d’une petite île bretonne. Mado est secrète, taiseuse. Thure est gai, il raconte les histoires comme un marin, c’est-à-dire bien et éveille sa fille aux livres. La vie est rude sur la petite île mais elle est belle. Jusqu’au jour où Liv Maria, adolescente, se fait agresser sexuellement. Sa mère l’éloigne du danger et l’envoie à Berlin chez sa tante. Elle va y tomber amoureuse, follement, passionnément, connaître la douleur de la rupture puis revenir dans son île lors du décès prématuré de ses parents. S’ensuit alors une fuite en avant à travers le monde. Après tout, logique pour une fille de marin. Le destin lui offrira un deuxième amour. Mais le destin est farceur et parfois cruel.

C’est plus une escapade qu’un voyage

C’est un portrait de femme, intense, peut-être trop. Finalement la phrase de présentation aurait dû m’alerter. Et c’est dommage car l’auteur est forte pour donner vie à des ambiances et des personnalités complexes. Avec une économie de mots, elle réussit à retranscrire des émotions, des sensations. C’est une écriture aride et juste. Tout est concentré et dense.

Malheureusement, Liv Maria a trop de vies différentes. En voulant montrer une femme libre et extrême, Julia Kerninon se perd dans des séquences anecdotiques et trop romanesques. Trop d’événements fondateurs qui diluent l’histoire au lieu de la nourrir. Tout ça en 161 pages, à marche forcée.

Ce livre a été pour moi comme un rendez-vous manqué mais un rendez-vous quand même car Julia a des choses à dire et elle les dit bien.

A suivre….

VOUS NE SAUREZ JAMAIS de Marguerite Yourcenar

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage

Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté ;

Et que rien, ni le temps, d’autres amours, ni l’âge,

N’empêcheront jamais que vous ayez été.

Que la beauté du monde a pris votre visage,

Vit de votre douceur, luit de votre clarté,

Et que ce lac pensif au fond du paysage

Me redit seulement votre sérénité.

Vous ne saurez jamais que j’emporte votre âme

Comme une lampe d’or qui m’éclaire en marchant ;

Qu’un peu de votre voix a passé dans mon chant.

Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme,

M’instruisent des sentiers que vous avez suivis,

Et vous vivez un peu puisque je vous survis.

LE PLAT PAYS de Jacques Brel

40 ans déjà, 40 ans et toujours là / Comme un sale gosse / À nous provoquer / À nous déranger / À nous faire pleurer / À nous dire qu’on ne vit qu’une fois…

Et puis, parce qu’il n’y a pas plus beau que les plages du nord 🌊

802486D7-3291-41FF-8A66-0B782F807BD2.jpeg
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l’est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d’ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu
Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité
Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu
Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s’écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l’Italie qui descendrait l’Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.
AA4C87F3-66F4-498B-8458-3DB2DB4A0A5A

 

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑