J’ai découvert un blog qui file la pêche !

Qui est Justin ?

Pour une fois, je ne vais pas vous parler de moi ni de mon blog mais vous inviter à aller voir la concurrence.

Justin est américain, il vit en Californie et est linguiste et informaticien.

Ça, c’est pour le CV.

Justin aime la France (à ce niveau-là, ce n’est plus de l’amour mais de la rage 😂). Il a profité du confinement pour apprendre notre langue et WOW ! Il parle (en tout cas il écrit) couramment.

On peut donc en déduire que Justin est doué mais ce n’est pas là sa seule qualité.

Justin vous fait découvrir et aimer la France.

En plus d’être doué, il a au moins deux autres qualités et non des moindres : il est incroyablement curieux et joyeux.

Il s’intéresse à tout ce qui est estampillé « français » ; nos régions, notre gastronomie, notre patrimoine, nos musées, nos films (bon sang, il connaît Ludovic et Josepha, si ça c’est pas un signe de curiosité). Il peut nous en remontrer un rayon sur le pays !

Il en a même fait un blog « Un coup de foudre« , car c’est bien un coup de foudre qu’il a eu pour la France. Et il est prolixe, Justin, newsletter, articles, podcasts (dont je me peux malheureusement pas profiter car je suis sourde, mais je suis sûre qu’ils sont passionnants), tout est bon pour nous communiquer ses trouvailles et ses conseils.

Son blog est une pépite de choses à ne pas manquer, de bonnes adresses, de bons plans, d’anecdotes… et d’humour, car il est drôle !

Voir la France à travers les yeux d’un étranger, c’est la redécouvrir, c’est s’émerveiller de choses auxquelles on ne prête quasiment plus attention, c’est se dire « mais oui, bordel, on a de la chance » !

Justin est un antidote à la morosité.

Ça a l’air de rien comme ça, mais la joie et l’enthousiasme deviennent des denrées de plus en plus rares.

L’époque est inquiétante, les catastrophes arrivent en escadrilles, on a tous nos soucis quotidiens. Alors quand quelqu’un comme Justin arrive avec sa bienveillance, sa légèreté, sa gaieté et ses découvertes, c’est un vrai shot de vitamines qui vous requinque pour la journée.

Allez sur son blog ! https://justinbusch.fr

Je vous jure, il devrait être remboursé par la sécurité sociale !

Bonne fin de semaine à tous !

BLONDE de Joyce Carol Oates

Qui est Joyce Carol Oates ?

Une géante de la littérature américaine.

Le premier livre que j’ai lu d’elle c’était « La fille du fossoyeur ». Il y a 15 ans. D’où en avais-je entendu parler ? Mystère et boule de gomme !

Ça raconte une famille juive allemande qui fuit le nazisme et échoue à côté de New-York. Le père, professeur en Allemagne, n’obtient qu’un poste de gardien de cimetière. Il va sombrer, entraînant sa famille avec lui. Trop de déclassement, d’affronts, de frustrations et de ressentiments. Sa fille réussira-t-elle à s’extirper de ce qui tourne à l’atavisme ?

Je suis entrée dans un monde et une écriture. L’Amérique des oubliés qui côtoient le rêve américain sans jamais le toucher ou alors trop peu. Ces travailleurs de première ligne qui permettent à l’Amérique de briller mais eux restent dans le noir, dans le sale. La noirceur des âmes aussi. Cette violence qu’il y a en chacun de nous et qui peut prendre des formes inattendues.

Car, quel que soit le sujet abordé, le point commun de ses livres c’est la violence : la violence intérieure, subie, reproduite, canalisée ou dépassée.

Lire Joyce, c’est entrer dans un shaker. Chaque phrase prise séparément est « normale », précise, réaliste, juste, mais « normale ». Mises bout à bout, cela donne un ouragan qui dévaste tout et vous conduit au chaos. Vous sortez de là rincé, épuisé mais envoûté.

BLONDE, le livre

Ce livre n’échappe pas à cette violence.

Pour éviter tout malentendu, il s’agit d’une autobiographie fictive de Marylin.

Bien sûr, elle part de sa vraie vie : son enfance, ses films, ses maris, son statut de sex symbol. Mais elle l’imagine sous l’angle de sa psyché. Elle imagine ses luttes intérieures. Lutte sociale pour s’extirper de son milieu et atteindre ses rêves, lutte affective pour étancher sa soif d’amour et enfin lutte contre l’énorme malentendu entre son statut de sex symbol et qui elle est vraiment. Parce que, putain, Marylin lutte.

Plus Norma Jean a du succès, plus il lui est difficile de rentrer dans la peau de Marylin. Elle en devient l’otage. De Norma Jean, elle passe à Marylin, puis à La Blonde. Toujours plus déshumanisée, toujours plus objet, toujours moins elle.

Et l’écriture de Joyce restitue ce combat pour finir à la limite de l’écriture automatique, saccadée presque sans logique ou, au contraire, en suivant une logique ultime.

Tout a été écrit sur Marylin. Tout, sauf ça.

BLONDE, le film sur Netflix

J’appréhendais de le voir. Je pensais impossible d’adapter un tel livre.

La lecture de certaines critiques m’a confortée dans cette hésitation ! Violent. Insoutenable. Outrancier. Précieux. Brutal. Répétitif. Abus d’effets artistiques grossiers. En plus, le film est interdit aux moins de 18 ans.

WOW !!! Ça va donner quoi ?

Insoutenable, non. Outrancier, non. Répétitif, non.

Violent ? Oui. Le film est violent car le livre dont il s’inspire est violent.

Réussi ? Oui. Oui. Oui. Trois fois oui. J’ai adoré. Le réalisateur, Andrew Dominik, réussit à retranscrire l’esprit du livre. Pas parfaitement, pas entièrement mais à ce stade c’est un exploit.

Et l’actrice ? On en parle de Ana de Armas ? Non, on n’en parle pas. On la regarde, on la contemple, on l’admire. Elle est tellement époustouflante que les mots manquent (en tous cas à moi 😍).

1110 pages, 2H46 minutes. On ne compte pas quand on aime.

JE SAIS POURQUOI L’OISEAU EN CAGE CHANTE de Maya Angelou

L’oiseau libre sautille
Sur le dos du vent
Et flotte en aval
Jusqu’à ce que s’achève cet élan
Et plonge ses ailes
Dans les rayons orange du soleil
Et ose défier le ciel.

Mais un oiseau qui piétine
dans sa cage étroite
peut rarement voir à travers
ses barreaux de rage
ses ailes sont entravées et
ses pattes sont liées
alors il ouvre sa gorge pour chanter.

L’oiseau en cage chante
avec un trémolo de peur
des choses inconnues
mais espérées encore
et sa mélodie se fait entendre
sur la colline lointaine
parce que l’oiseau en cage
chante la liberté.

L’oiseau libre pense à une autre brise
et aux alizés doux à travers les arbres soupirants
et aux vers tout gras l’attendant sur une pelouse luisante à l’aube
et il désigne le ciel comme sien.

Mais un oiseau en cage s’assoit sur la tombe de ses rêves
son ombre piaille d’un cri de cauchemar
ses ailes sont coupées, ses pattes liées
alors il ouvre sa gorge pour chanter.

L’oiseau en cage chante
avec un trémolo de peur
des choses inconnues mais désirées encore
et sa mélodie se fait entendre
sur la colline lointaine parce que l’oiseau en cage
chante la liberté.

VOUS NE SAUREZ JAMAIS de Marguerite Yourcenar

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage

Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté ;

Et que rien, ni le temps, d’autres amours, ni l’âge,

N’empêcheront jamais que vous ayez été.

Que la beauté du monde a pris votre visage,

Vit de votre douceur, luit de votre clarté,

Et que ce lac pensif au fond du paysage

Me redit seulement votre sérénité.

Vous ne saurez jamais que j’emporte votre âme

Comme une lampe d’or qui m’éclaire en marchant ;

Qu’un peu de votre voix a passé dans mon chant.

Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme,

M’instruisent des sentiers que vous avez suivis,

Et vous vivez un peu puisque je vous survis.

NEW-YORK, NEW-YORK par Liza Minnelli

Start spreading the news
I’m leaving today
I want to be a part of it 
New-York, New-York
These vagabond shoes are longing to stray
And step a round of heart of it 
New-York, New-York

I want to wake up in that city, that doesn’t sleep
To find I’m king of the hill 
Top of the heap

My little town blues, 
Are melting away
I’ll make a brand new start of it 
In old New-York
If I can make it there, 
I’ll make it anywhere
It’s up to you 
New-York, New-York

New-York, New-York 
I wanna wake up, in the city that doesn’t sleep,
To find I’m king of the hill, head of the list 
Cream of the crop at the top of the heap 

My little town blues are melting away 
I’ll make a brand new start of it, in old New-York 
If I can make it there, I’d make it anywhere 
Come on, come through New-York, New-York

https://youtu.be/ns6YbcoRy2U

AMERICAN PSYCHO de Bret Easton Ellis

Ça fait des années qu’on me prévient contre ce livre !

Ce best-seller, sorti en 1991, a au moins le mérite de mettre tout le monde d’accord (enfin dans mon cercle de connaissances) ! Que ce soit des amis ou des collègues, toujours les mêmes commentaires : « c’est à la limite du supportable, c’est atroce, c’est un catalogue de tortures, te connaissant, tu ne supporteras pas, passe ton chemin. Et en plus, les scènes de cul c’est du porno de seconde zone ».

Bien que ma curiosité soit titillée par « le porno de seconde zone » car je ne vois pas trop ce que cette notion recouvre, il faut reconnaître que la vue du sang me file des vertiges assez rapidement. J’ai donc passé mon chemin pendant presque 30 ans. J’ai même évité soigneusement l’adaptation cinématographique qui en a été faite.

En fidèle adepte de la méthode « Tout ou Rien », j’ai craqué il y a un mois et depuis, je fais une cure de Bret Easton Ellis. American Psycho est donc le troisième livre de l’auteur que je descends.

Je commence, au pire, si c’est trop dur, j’arrêterai…

New-York, années 90, Patrick Bateman, 26 ans, est trader le jour et serial killer la nuit (pour faire simple, car, en réalité, les rôles ne sont pas aussi cloisonnés, Patrick ayant énormément de mal à contrôler ses instincts meurtriers et à les cantonner à la vie nocturne).

Je démarre et je retrouve :

  • le style de Bret, une écriture répétitive, neutre, froide (à ce stade on peut même dire glaciale 🥶), factuelle, précise, avec faste détails,
  • le décor fétiche de Bret, une mégapole impersonnelle, un univers saturé d’argent, de luxe, de drogue et de sexe.

Les protagonistes, hommes ou femmes, sont obsédés par l’apparence, le style, la mode, le culte du corps. Vous êtes accro aux choses matérielles de la vie ? Consumériste effréné ? Fashion victim ? Ce livre va BIEN, BIEN vous calmer ! Même moi, qui ne peux pas vivre sans un Zara à portée de carte bleue, j’avais l’impression d’être une zadiste en sarouel à côté d’eux ! Les hommes s’habillent tous de manière identique, un uniforme « costard-cravate » (forcément de marque et dont le raffinement le dispute à l’élégance) qui les rend totalement interchangeables. Le pire, c’est qu’ils le sont puisque personne ne reconnaît personne, ils se confondent entre eux, tellement habitués à se définir par leurs fringues et leur portefeuille. Quant aux femmes, c’est plus simple, il y a deux catégories : les baisables… et les autres.

Autant vous dire que j’attendais les scènes de sexe et de meurtre avec une impatience mêlée d’appréhension !

La première coucherie arrive enfin… et je n’arrive pas à refréner un fou rire 🥳. Pas du tout l’effet que j’attendais ! Idem pour les scènes de meurtre. Je commence à me dire que j’ai un méchant problème, que je ne suis définitivement pas normale 😩.

Pour ma défense, deux arguments :

  • d’abord Bret a beaucoup d’humour (le passage des lutins au réveillon de Noël est à mourir de rire)
  • ces scènes (notamment de meurtre) sont tellement « énormes » et décrites de façon anodine que ça en devient absurde, voire grotesque. À tel point que vous vous demandez si c’est la réalité ou si le héros n’est pas en pleine descente de coke et fantasme tout ça.

Alors ? Il est comment ce bouquin ?

Comme toujours, avec Bret, la réalité est plus complexe que ce qu’il veut bien montrer.

Bateman n’est ni le demeuré superficiel, ni l’inculte de base, ni le petit con totalement insensible que l’auteur essaie de nous décrire. Bien au contraire !

À la question que lui pose une ancienne petite amie : « Pourquoi tu travailles ? Tu n’en as pas besoin », la réponse est sans appel : « Parce que je veux m’intégrer. » Et cette réponse sonne comme un appel au secours.

Il y a également une scène dans le zoo de NYC, où tous les animaux sont décrits comme apathiques, abrutis d’ennui et de solitude. Patrick Bateman est comme eux, sidéré par le monde, son absurdité et son vide (toujours le vide cher à Bret). Et c’est la folie de ce monde qui le rend fou.

J’ai refermé ce livre, avec la même question qui revient en fil rouge dans toute l’œuvre de Bret Easton Ellis : qui est le plus fou et cruel des deux ? La société ou Patrick Bateman ?

Vous avez deux heures 😂😂😂


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