COULEUR MENTHE A L’EAU d’Eddy Mitchell et Pierre Papadiamandis

Elle était maquillée 
Comme une star de ciné 
Accoudée au juke-box, oh
Elle rêvait qu’elle posait 
Juste pour un bout d’essai 
À la Century Fox, oh oh

Elle semblait bien dans sa peau 
Ses yeux couleur menthe à l’eau 
Cherchaient du regard un spot 
Le dieu projecteur

Et moi, je n’en pouvais plus 
Bien sûr, elle ne m’a pas vu 
Perdue dans sa mégalo 
Moi, j’étais de trop

Elle marchait comme un chat 
Qui méprise sa proie 
En frôlant le flipper, ah
La chanson qui couvrait 
Tous les mots qu’elle mimait 
Semblait briser son cœur, oh oh

Elle en faisait un peu trop 
La fille aux yeux menthe à l’eau 
Hollywood est dans sa tête 
Toute seule, elle répète

Son entrée dans un studio 
Décor couleur menthe à l’eau 
Perdue dans sa mégalo 
Moi, je suis de trop

Mais un type est entré 
Et le charme est tombé 
Arrêtant le flipper, oh
Ses yeux noirs ont lancé 
De l’agressivité 
Sur le pauvre juke-box, oh no

La fille aux yeux menthe à l’eau 
A rangé sa mégalo 
Et s’est soumise aux yeux noirs 
Couleur de trottoir

Et moi, je n’en pouvais plus 
Elle n’en a jamais rien su 
Ma plus jolie des mythos 
Couleur menthe à l’eau

BARBIE de Greta Gerwig

Un peu que je vais parler de Barbie !

Je l’ai vu deux fois. Deux fois. Twice. Zweimal (désolée, j’ai pas fait espagnol deuxième langue).

J’ai joué aux Barbies quand j’étais petite. Beaucoup. Elle était canon, avait une multitude de fringues magnifiques que je n’aurais pas osé porter dans la vraie vie et, dans mes jeux, elle n’était jamais ni ridicule, ni apeurée, ni complexée (tu m’étonnes 🤪). Au contraire, elle essayait tout, découvrait tout et notamment le sexe. Barbie a été mon premier support d’éducation sexuelle à une époque où il n’y en avait pas. Je l’ai faite embrasser et coucher avec Ken, avec une autre Barbie et puis tout ça en même temps. Pour une poupée sans vagin, pas si mal que ça 😉

J’avais le salon Barbie désormais estampillé vintage. Elle avait des verres à cocktail planqués dans la table basse et la télévision couleur 🤩 (et ça pour moi, c’était le graal). Bref, une poupée parfaite à la vie parfaite.

Mes filles y ont joué mais beaucoup moins puis, lentement mais sûrement, Barbie a disparu des radars de ma vie passant de poupée fétiche à poupée ringarde et totalement hors-sol.

Le film Barbie

Il était annoncé depuis de nombreux mois et les premières photos du tournage m’ont confortée dans cette opinion. Barbie et Ken, total fluo, en train de faire du roller en Californie. Ça sera sans moi.

Et pourtant. WOW !!!

Bon sang que ce film est malin et à plus d’un titre. Du féminisme en veux-tu en voilà et à tous les niveaux. Attention, spoiler !

Tout d’abord, ce qui m’a le plus marquée, c’est l’auto-dérision dont fait preuve Mattel. Ou plutôt la critique que l’entreprise a accepté de la part de la réalisatrice Greta Gerwig. WOW ! Ils ont laissé passer ça ? Chapeau ! Au travers Mattel, Greta dénonce la capitalisme patriarcal (pléonasme) : une entreprise créée par des hommes, dirigée par des hommes avec pour seul objectif, une course effrénée au profit. J’ai toujours pensé que l’humour et plus particulièrement l’auto-dérision, bien maniés, sont les armes parmi les plus puissantes. Et là, c’est peu de dire que c’est bien manié. Le problème vous saute aux yeux, vous fait rire et finalement, qu’est-ce qu’on les trouve faibles, ces hommes tout puissants. Entre l’équipe dirigeante (Will Ferrell 🤩), exclusivement masculine, complètement décérébrée et obnubilée par les ventes ou encore les salariés (que des hommes), asservis et consciencieux, travaillant dans un cadre orwellien. C’est tout notre système qui est dénoncé et moqué. 

Mais la critique du patriarcat ne s’arrête pas là.

Le film montre ce que les femmes subissent tous les jours : les agressions verbales (oh ça va hein ?! Si on peut plus draguer), les agressions physiques (oh ça va hein ?! C’est qu’une main au cul), les regards bien lourds des mecs en meute (oh faut se détendre hein ?! Si on n’a plus de doit de regarder).

Ce patriarcat qui tire sa puissance de l’oppression mais n’est rien sans l’opprimée. La femme doit rester à sa place, celle qu’il lui a assignée, sinon tout l’équilibre est rompu et il y a danger. Et comme tout organisme vivant, le patriarcat se défend plus ou moins violemment.

Oulala, comme elle y va la bibliothécaire ! Not all men hein ?! (oui, je fais les dialogues 🤪).

Not all men (HA HA HA). Mais bien sûr que si ! C’est le dogme dominant que nous respirons tous, hommes et femmes. Car même les femmes le nourrissent, ce système, tellement elles baignent dedans depuis des millénaires. Laisser filer certaines attitudes ou réflexions, ne pas s’habiller trop court et j’en passe. Se fondre, ne pas TROP attirer les regards, ne pas provoquer, ne pas réagir TROP agressivement. Heureusement, les lignes bougent et ce film en est la preuve.

Il est si génial que ça ?

Il est jubilatoire 🤩, bourré de références et le casting est impressionnant.

Il parle de nous. Des femmes bien sûr mais aussi des hommes. Et la phrase de fin 😍 ! Mais love sur Greta !

Bien sûr, c’est sucré. C’est Barbie. Mais ne vous y fiez pas, ça picote.

Oui, y’a quelques discours qui auraient pu être mieux amenés. Mais ils ont le mérite d’exister et de formaliser clairement les choses.

Non, il n’apporte pas de solution, c’est un film, juste un film, pas un Grenelle sur la condition des femmes. Mais il file une pêche incroyable.

Alors, si vous faites partie des rares à ne pas l’avoir vu, je ne peux que vous conseiller de vous ruer sur le DVD ou le streaming.

SAN-ANTONIO – Aux frais de la princesse – de Frédéric Dard

Si tu n’as pas lu un San-Antonio avant tes cinquante ans, tu as raté ta vie !

Autant vous dire qu’il y avait un chouïa urgence pour moi !

  • Bien évidemment que je connais de nom.
  • Bien évidemment que je sais de quoi ça parle (enquêtes policières du Commissaire San-Antonio).
  • Bien évidemment que je sais que l’écriture de Frédéric Dard est truculente, fleurie, argotique et tout le tintouin.
  • Bien évidemment que je sais que la série des San-Antonio est devenue un classique.

Mais (je ne me repose jamais 🥳) :

  • Les San-Antonio sont systématiquement rangés dans le secteur « testostérone » des rayons des Maisons de la Presse, au mieux à côté des SAS, au pire entre les revues pornographiques et de musculation (et oui, avant de soulever des filles faut soulever de la fonte – c’est pas ma meilleure mais je l’aime bien 🥳).
  • Les titres me font rire (« Le pétomane ne répond plus« , « L’année de la moule« …) mais pas de là à déclencher l’acte d’achat (ici, le marketing pour les nuls 🤣).
  • Les couvertures sont délicieusement vintages, certaines frôlant le collector, mais elles fleurent aussi le grossier roman de gare. Bon sang, non, je ne suis pas prête pour ça !

Et Frédéric, alors ?

  • J’ai toujours eu une grande sympathie pour lui, bien que ne l’ayant jamais lu et ne connaissant pas son univers. Quand il passait à la télé, c’était un vrai plaisir de le regarder et de l’écouter parler.
  • Il avait le regard tendre, parfois triste ou plutôt inquiet, mais jamais cynique ni désabusé.
  • Il était drôle, un humour qui rassemble, élégant. Un humour comme une politesse.
  • Il était cultivé, avait un vocabulaire extrêmement riche (contrairement à ce qu’il pouvait dire « J’ai commencé avec 300 mots, tous les autres je les ai inventés »).
  • Et il vénérait Céline 🤗 !
  • Comment pouvais-je ne pas aimer Frédéric 🥰 ?

Il était donc dit que je devais le lire un jour… Et ce jour est arrivé cet été.


Mais il n’était pas dit que j’aimerais !

Ben non, j’ai pas aimé.

Pourtant ça commençait bien ! J’adore les romans policiers et l’humour 🤗.

Les soixante premières pages me comblent. Je découvre une écriture qui guérirait une vache neurasthénique (non, je ne parle pas de moi 😜).

Bref, je souris, je ris aussi. L’intrigue est intrigante, le style est stylé. Les personnages sont hauts en couleur, le sexe est récurrent et au-delà du burlesque. Jouer avec les mots comme il le fait demande une culture et une maîtrise phénoménales. Je comprends qu’on puisse être fan….
Sauf que… j’ai fini par trouver ça toujours pareil, j’ai commencé à tourner en rond, lentement puis de plus en plus vite. Tant et si bien que je ne l’ai pas fini 😱.

Je ne saurai jamais ce qui est arrivé au Vieux… et franchement, je m’en fous.

Je continue d’avoir une grande tendresse pour Frédéric… Et c’est le principal !


MONSIEUR de Thomas Fersen

Il s’en passe de belles dans le 92 😉

Bon week-end à tous !

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Les passants sur son chemin
Soulèvent leurs galures,
Le chien lui lèche les mains
Sa présence rassure.
Voyez cet enfant qui beugle
Par lui secouru,
Et comme il aide l’aveugle
À traverser la rue.
Dans la paix de son jardin
Il cultive ses roses,
Monsieur est un assassin
Quand il est morose.

Il étrangle son semblable
Dans le bois d’Meudon,
Quand il est inconsolable
Quand il a l’bourdon.
A la barbe des voisins
Qui le trouvent sympathique,
Monsieur est un assassin
Je suis son domestique.
Et je classe ce dossier
Sous les églantines,
Je suis un peu jardinier
Je fais la cuisine.

Il étrangle son prochain
Quand il a le cafard,
Allez hop ! Dans le bassin,
Sous les nénuphars.
Et je donne un coup de balai
Sur les lieux du crime,
Où il ne revient jamais
Même pas pour la frime.
Sans éveiller les soupçons,
Aux petites heures
Nous rentrons à la maison,
Je suis son chauffeur.

Car sous son air anodin
C’est un lunatique,
Monsieur est un assassin,
Chez lui c’est chronique.
Il étrangle son semblable
Lorsque minuit sonne,
Et moi je pousse le diable
Dans le bois d’Boulogne.
Le client dans une valise
Avec son chapeau,
Prendra le train pour Venise
Et un peu de repos.

Il étrangle son semblable
Dans le bois d’Meudon,
Quand il est inconsolable
Quand il a le bourdon.
A la barbe des voisins
Qui le trouvent sympathique,
Monsieur est un assassin
Je suis son domestique.

Vous allez pendre Monsieur,
Je vais perdre ma place.
Vous allez pendre Monsieur,
Hélas! Trois fois Hélas!
Mais il fallait s’y attendre
Et je prie Votre Honneur,
Humblement, de me reprendre
Comme serviteur.
Et je classerai ce dossier
Sous les églantines,
Je suis un peu jardinier
Et je fais la cuisine.

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