Ouvrez l’œil, et le bon !
Le service public télévisuel offre souvent des pépites. En novembre 2016, c’est sur France 2 que ça se passait (en 2e partie de soirée, certes, mais mieux vaut tard que jamais).
La chaîne diffusait un documentaire intitulé À voix Haute – La force de la parole.
Je ne vais pas la jouer « intello », je n’avais absolument pas repéré ce documentaire dans le programme. Je zappais et j’ai commencé à regarder car un des protagonistes était très mignon (parfois, la culture tient à peu de chose).
Parlez plus fort, j’entends rien
De quoi ça parle À voix haute ? Justement, ça ne parle pas à tort et à travers. Pas de voix-off pontifiantes, de descriptions ou d’explications sans fin ; ça montre juste des jeunes qui parlent, mais pas n’importe comment.
La caméra suit, pendant 6 mois, un groupe du 93, qui participe au concours Eloquentia.
Pourquoi le 93 ?
L’idée de départ est de lutter contre l’image négative qu’on a des jeunes de banlieues. Ils ont des choses à dire, des choses intéressantes, surprenantes, enrichissantes. Mais on ne peut pas le savoir si on ne les écoute pas.
Pourquoi l’éloquence ?
Car la parole, c’est la vie. Encore faut-il savoir la prendre et la garder.
Et pour la garder, il faut être écouté.
Et pour être écouté, la forme est aussi importante que le fond.
La forme, c’est l’enjeu des professionnels (avocat, comédien, chanteur…). Ils vont accompagner ces jeunes tout au long du concours et leur enseigner différentes techniques (placement de voix, gestuelle, rhétorique, effets, etc.). Résultat : plus de confiance, un auditoire captivé et un message entendu.
« La parole sans les effets n’est qu’un son vain et inutile » et ça ne date pas d’hier puisque c’est de Démosthène, IVe s. avant J.-C. (j’ai regardé sur Wikipédia).
Remarquez que ce qui est valable pour le 93 l’est pour tout le monde. Le nombre de fois où, en société, au travail, j’ai envié un beau parleur (ou une belle parleuse) qui racontait n’importe quoi mais tellement bien que ça passait comme une lettre à la Poste ! Souvenez-vous aussi du film Ridicule, où une répartie, selon son efficacité, pouvait faire briller ou tomber son auteur.
Il n’y a pas UNE éloquence il y a DES éloquences
C’est la force de ce concours, qui ne cherche pas à formater ces jeunes, à les enfermer dans un style convenu qui leur ferait perdre à la fois leur personnalité et la force de leur message. Toutes les formes de prises de parole sont respectées et encouragées, du slam au rap en passant par le discours, le plaidoyer ou le théâtre. Tout est noble.
Voir ces jeunes (peu habitués à être écoutés) se lancer avec timidité, maladresse, puis, avec de plus en plus d’envie, d’énergie, d’assurance, cela fait un bien fou.
Ils sont drôles, ils sont émouvants, ils nous parlent de Victor Hugo, de la Syrie, de leur vie, de leur famille.
Et on est suspendu à leurs mots.
Ruez-vous sur ce documentaire qui est sorti au cinéma et disponible en DVD.
Tu es fin prête pour enseigner en Seine st Denis ! Tu verras que leur discours est très intéressant 😂 Tu seras suspendu à leur mot… avant d être suspendu à une corde 😂
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Il ne faut pas généraliser.
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