Mais que vient faire Meryl Streep là-dedans ?
Voilà un livre et un auteur que je ne connaissais pas.
J’ai d’abord entendu parler de la série télé qui cartonne aux USA.
Tous les magazines y allaient de leur analyse.
The Handmaid’s Tale, titre anglais, engrangeait critiques positives et succès populaire.
J’ai voulu en savoir plus sur cette série. Pourquoi un tel engouement ?
OK, sa distribution est excellente, notamment l’actrice principale, Elizabeth Moss, qui est surnommée la Meryl Streep de sa génération – c’est quand même le Graal de la profession non ?
OK la réalisation est de grande qualité.
Et Trump alors ?
Mais surtout elle fait écho aux angoisses des américains – et surtout des américaines – depuis l’élection de Trump. Le Président des USA mène une véritable guerre contre les femmes entre propos dégradants et menaces de leurs libertés individuelles – mesure anti-avortement, menace sur l’assurance des victimes de violences conjugales ou viol etc. Tout est fait pour les fragiliser et les maintenir sous la coupe des hommes et revenir ainsi à une société patriarcale dure.
Ouf on parle bien d’un livre
Tout ce que je lisais sur cette série me donnait envie de la voir et… badaboum – non je ne parle pas de la boîte de nuit du film Potiche – j’apprends que tout cela est tiré d’un livre d’anticipation écrit par une canadienne, Margaret Atwood, en 1985 – donc pas tout récent récent.
Avant de voir la série j’ai voulu lire le livre.
L’histoire ? – enfin pas tout hein ? Juste le pitch, le sujet quoi.
Dans un futur proche, la fertilité et donc le taux de natalité sont en chute libre. Forcément ça pose des soucis et ça crispe certaines personnes nostalgiques du temps où les femmes avaient une quinzaine d’enfants et ne parlaient pas trop – aaaah l’heureuse époque !
Sauf qu’on peut pas le dire comme ça. Donc, tranquillou, une société démocratique se transforme en dictature sous prétexte de risque terroriste – oui, oui ça a bien été écrit en 1985, et l’auteur c’est bien Margaret Atwood pas Mme Irma.
Tous droits sont enlevés aux femmes – quand je dis tous droits c’est TOUS DROITS, y compris la liberté – dont l’utilité unique devient la procréation. Je ne vous dis pas ce qui se passe pour celles qui n’en sont pas capables – infertiles ou trop vieilles.
Et la fin, mon dieu, la fin !!!!
C’est un récit glaçant où, progressivement, vous vous mettez à la place de ces femmes et vous prenez conscience non seulement de vos droits – car ils me semblent tellement légitimes et naturels que pour moi ce n’est plus des droits mais la normalité – mais de leur fragilité. Et là, vous pensez très fort à Simone qui disait très justement : N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.
Vous les voyez les points de vigilance qui s’amoncellent ?
- Trump aimerait bien qu’on soit jolie et qu’on se taise – il ne le dit pas comme ça mais restons polies
- Le président tchétchène veut contrôler la vie privée de son peuple : massacre des homosexuels, obligation pour les femmes divorcées de se remettre avec leur mari – mais c’est pour le bien des enfants alors ça va.
- Et Julian Assange, le lanceur d’alerte, qui accuse, entre autres, le féminisme d’être responsable de la stérilité en Europe et donc de l’immigration – ben oui les meufs on a un pouvoir de diiiiiingue.
- Sans parler de tous les pays où le populisme grandit et où la place des femmes diminue et des pays qui ne leur autorisent presqu’aucun droit.
Pour toutes ces raisons et aussi parce que c’est un excellent livre, il est urgent de lire La Servante écarlate.