J’ai toujours aimé les mauvais garçons
De loin, hein ? Surtout pas pour vivre avec.
Mais ce sont toujours des personnalités qui me fascinent.
Les fracassés de la gueule et de l’âme. Ceux qui ne plient pas devant le système, qui vivent selon leurs propres règles quitte à brûler leur vie.
Ils ne demandent rien à personne. La seule chose qui compte, c’est leur liberté, et ils la prennent.
Lire leurs livres, les regarder péter un câble en interview ou déclamer des insanités dans un milieu feutré, tout cela est jubilatoire.
Je pense à Bukowski chez Pivot, à Iggy Pop (avant sa période macrobiotique), à Boris Vian et son J’irai cracher sur vos tombes ou à Jean Genet qui cultivait son asocialité.
Petite, mon émission préférée c’était Droit de réponse, c’est vous dire.
C’est peut-être le syndrome de la petite bourgeoise qui veut s’encanailler, mais l’idée du grain de sable dans les rouages m’a toujours attirée.
James Ellroy m’attendait
Voir ou lire une de ses interviews est jouissif. J’attends ses déclarations déjantées comme le Messie. On le surnomme (entre autres) le chien fou de la littérature contemporaine, The Dog, Le Dostoïevski américain (énorme compliment de Joyce Carol Oates).
Il assure toujours le spectacle, il se proclame réactionnaire, il est totalement mégalomane mais l’assume, il peut être désagréable et franchement con.
Il est capable d’interdire une question à un journaliste, le menacer s’il l’interrompt, le foutre à la porte s’il juge ses questions débiles. Et quelle gueule !
Sa vie ? Il en a eu mille !
Dès l’adolescence, il sombre dans la délinquance, l’alcoolisme et les drogues. Il devient SDF, cambrioleur, voyeur, puis décide de mener une vie rangée. Il se retrouve caddie de golf. Cette pause lui permet d’écrire son premier roman. Il n’arrêtera plus.
Mais sa grande fêlure (chez les tarés il faut toujours chercher le trauma) c’est l’assassinat, jamais résolu, de sa mère, lorsqu’il avait 10 ans.
Forcément, vu le pedigree du monsieur, j’ai eu envie de lire ses livres.
J’ai commencé, j’ai aimé, j’ai continué.
Je n’aime pas lire des choses drôles. Ça tombe bien, PERFIDIA ne l’est pas !
C’est noir. Ça se passe toujours à Los Angeles. En 23 jours. Souvent la nuit, ce moment où tombent les barrières de la morale et la bienséance, où on peut laisser aller tous ses instincts les plus bas, les plus sauvages.
Los Angeles donc. 6 décembre 1941, veille de l’attaque de Pearl Harbor. Une famille de Japonais est retrouvée morte façon Hara-kiri. Suicide ou plutôt assassinat ?
Franchement, qui s’en soucie ? Ce ne sont que des Japonais.
D’ailleurs, si le coupable pouvait être Japonais, cette affaire resterait, pour ainsi dire, une affaire de famille !
L’Amérique est sur le point d’entrer en guerre contre le Japon, l’hystérie collective anti-japonaise est à son comble. On les pourchasse, on les rafle pour les déporter dans des camps d’internement, oubliant copieusement au passage que ce sont des citoyens américains.
Et, comme dans tous chaos, il y a des profits à tirer.
Seul un criminologue (d’origine japonaise) va essayer de trouver la vérité.
Mais dans les romans d’Ellroy, tout le monde a un côté obscur, même les meilleurs.
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