Quand fifille fait des prescriptions lecture
Fifille N°2 a passé 6 mois à Prague. Elle en est revenue pleine de découvertes, de nouveaux amis et avec des livres de Kafka.
Persuadée que je connaissais, elle me demande mon avis. Ah ah ah. Non. Jamais lu. Hormis que son œuvre a donné naissance à l’adjectif kafkaïen, ça s’arrête là.
Et v’là-t’y pas qu’elle se met à me le conseiller. Non mais où va-t-on ? Ben, dans sa chambre, on lui pique le livre et on lit !
Le pitch
Je passerai très vite dessus tant il est connu.
Prague (enfin, je suppose), début du siècle. Gregor Samsa est un voyageur de commerce. Il habite chez ses parents, avec sa sœur. C’est le soutien de famille. Suite à la faillite de son père, il est chargé de rembourser ses dettes et de maintenir le niveau de vie familial.
Un matin, alors qu’il doit prendre un train très tôt pour son travail, il n’arrive pas à s’extraire de son lit. Il s’est transformé en un énorme cancrelat. Inquiète, sa famille toque à sa porte. Que faire ?
Faire simple, c’est ce qu’il y a de plus compliqué
C’est un roman court ou une longue nouvelle, 120 pages. Ça se lit vite, c’est simple, pas un ouvrage majeur au premier abord, je me demande pourquoi tout le monde en fait un foin pareil. Et pourtant ! C’est fulgurant et je n’arrête pas d’y penser.
Cette métamorphose qui semble pour le moins grotesque, permet en réalité de couvrir de multiples sujets : l’individu, la famille, la société. On atteint une réflexion quasi philosophique sur la vie.
Pourquoi choisir de transformer son héros en pire bestiole de la création ? Un cafard, un bousier, qui rampe, qui se cache, qui inspire le dégoût, qu’on écrase.
En réalité, c’est d’une intelligence pure. Au travers de cette simple et hideuse métamorphose, Kafka va pouvoir :
- traduire le dégoût de soi, de sa vie, des autres,
- provoquer les réactions les plus extrêmes. Il plante sa transformation, sans justifications, sans explications, sans jugements… et attend. Il n’a plus qu’à laisser venir et observer les réactions (monstrueuses, forcément monstrueuses) qui, à elles seules vont constituer une critique cruelle et définitive de la société.
Tout y passe : le travail et son aliénation, la famille et ses relations toxiques, la société, ses convenances et son hypocrisie.
Gregor est le soutien de famille à la place du père qui a failli. Les parents, la sœur, tous lui sont redevables jusqu’à finir inconsciemment par le détester. Quant à lui, il est tout entier à la tâche qu’on lui a assignée, jusqu’à s’oublier. Il n’y a pas d’issue dans une famille et une société sclérosées par les convenances et la respectabilité. Si, il y a une issue, la seule qu’il trouve : se désigner coupable d’une faute qu’il n’a pas commise, pour s’en libérer et en libérer les autres.
Ce livre est magnifique, une bombe à retardement qui vous obsède bien après l’avoir refermé. Et savez-vous à quoi j’ai pensé ?
D’abord, que ce livre pourrait être un outil formidable de réflexion et d’idées pour les coachs en développement personnel (oui Kafka va se retourner dans sa tombe en lisant ça 🤣).
Enfin, à l’écrivain Alexandre Vialatte (voir chronique ICI) qui a traduit les œuvres de Kafka en français et a permis la diffusion de son génie (ouais, carrément).
Bonne lecture à tous !
Vu votre réponse à ce livre, je recommande encore plus fortement « Le Procès » de Kafka. Moins fantastique, mais toujours d’actualité.
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GO ! C’est le prochain sur la liste. Merci pour vos conseils 🤩
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j avais lu kafka lorsque j etais a l’armée et juste après avoir lu l étranger de camus…je l’ai jeté apres quelques pages ! ta chronique me dit que j’aurais raté quelques choses ???
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Ouiiiii c’est vrai que c’est déconcertant mais ça te retourne le cerveau (le mien s’est toujours pas remis d’aplomb 🤣🤣🤣)
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Merci pour vos conseils. M’en vais lire Le Procès 🤩
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