FANTÔMES ET FARFAFOUILLES de Fredric Brown

Les illustres inconnu·e·s, ma marotte !

Cette période estivale aura été riche en découvertes ! Pas de raison que je ne vous en fasse pas profiter ! Je continue donc sur ma lancée d’auteur·e·s notoirement inconnu·e·s. Après Alexandre Vialatte, après Marcelle Sauvageot… Tadam 🥁… Voici Fredric Brown 🥳🥳🥳🥳

C’est qui ce mec 😱 ? Pourquoi, diantre, n’en n’ai-je jamais entendu parler ? À croire que je suis obsédée par le mainstream… Mais pas du tout !

Bref, le hasard fait que j’entends ce nom, puis je le lis 🤔 (le nom). Pas possible il doit y avoir une erreur, jamais vu un prénom écrit comme ça ! On écrit Frédéric, Frédérique, Frederic mais pas Fredric bordel ! Il est Allemand ? Ou Prussien, je ne vois que ça. Au mieux, les parents avaient abusé du schnaps avant la déclaration de naissance. Perdu ! Il est américain !

Un peu perplexe, je poursuis mes recherches. Ce n’est pas gagné !

  • Il a écrit plein de nouvelles (je HAIS les nouvelles 😤).
  • Il est considéré comme le Maître de la micronouvelle et de la la nouvelle brève (short short story). Il y a donc pire que la nouvelle 😱 !
  • De science-fiction (ahahah, rire nerveux), je ne suis vraiment pas fan du genre science-fiction en littérature. La science-fiction, c’est en BD et au cinéma et les vaches seront bien gardées !
  • Il a également écrit des romans policiers (j’entrevois une lueur d’espoir).
  • Je continue quand même (on frôle le masochisme) et j’apprends qu’il a eu le prix Edgar Allan Poe récompensant la meilleure œuvre policière pour Crime à Chicago (merde, c’est une référence ça, n’oublions pas que j’adooooore les prix).

Dans un moment d’égarement, je décide de commander son recueil de nouvelles le plus connu, Fantômes et Farfafouilles. Je vous passe la tête et les vannes de mon libraire, qui commence à avoir, désormais, un chouïa la boule au ventre quand je me dirige vers lui d’un pas décidé.

Que Fredric ne soit pas connu relève de l’incompréhensible !

J’étais censée détester. Tous les voyants étaient au rouge. Un petit livre contenant 42 nouvelles. AU SECOURS !!!

C’est juste saisissant et bluffant ! Il réussit, en une à deux pages, à résoudre la quadrature du cercle : il pose ambiance, personnages, intrigue… et termine l’air de rien par une vraie chute. Ce que bon nombre d’écrivains n’arrive pas à faire en 150 pages !

Malgré tout le désamour que j’éprouve pour les nouvelles, je pense que c’est la marque des très grands que de savoir raconter une histoire claire et brève. Réussir à accoucher d’un récit construit, maîtrisé, qui vous embarque, vous fait ressentir un maelström d’émotions et vous habite longtemps après l’avoir terminé.

En cela, Fredric est fort, très très fort.

Rien ne manque, rien n’est en trop. Son style à la fois dépouillé de tout superflu reste suffisamment précis et acéré pour faire naître un monde sous vos yeux en seulement dix lignes.

Tout est singulier chez lui, ses univers, son humour (souvent noir), son impertinence… Bien sûr il y a de la science-fiction mais pas que… Du normal, du quotidien qui dérape, dérange, inquiète.

En le lisant, j’imaginais sa maison. L’intérieur de Fredric Brown est classique, un tantinet suranné (bienvenu dans les années 60, aux Etats-Unis), bien tenu, une décoration chaleureuse mais pas ostentatoire… Puis un détail, un bibelot, incongru. Pas vraiment étrange mais suffisamment pour jeter le trouble. Vous continuez la visite mais vous êtes troublé, mal à l’aise, partagé entre l’envie de rire et celle de fuir.

J’ai aimé la quasi totalité des nouvelles mais celle qui me hante encore est d’une normalité affligeante : l’Anniversaire de Grand-mère.

Gros Big Up à la traduction !

On oublie trop souvent les traductrices / traducteurs. Ils font un travail d’orfèvre. Quelle difficulté ce doit être de saisir la petite musique de l’auteur·e, de respecter son rythme, de retranscrire la substantifique moelle, trouver le mot juste, la bonne expression.

Dans le cas de Fredric, il me semble que cela doit être une vraie gageure. Bravo donc à Jean Sendy 👏.

Et, si jamais cet article ne vous a pas donné envie (😫😫😫), je pose là le petit texte de la quatrième de couverture. En deux mots : lisez Fredric !

Le principe selon lequel le fakir oblige une corde à se dresser en jouant du flageolet a autant de valeur scientifique que celui de la drogue d'immortalité, inventée vers 1980, et dont le secret se serait perdu depuis... En tout cas, c'est ce que prétend l'auteur. Pince-sans-rire, rabelaisien ou franchement abominable selon les cas, Brown a en outre la vertu rare de ne pas étirer sur dix pages une idée qui tient en dix lignes.
Mais attention : chaque texte est une bombe à retardement, un défi à votre perspicacité. Chacun de ces titres farfelus annone un coup de poing, mais impossible de savoir où le poing va aboutir. Rien ne permet de deviner avant la chute si l'on est en train de lire une histoire à rire ou à donner le frisson.

TOUTE LA LUMIÈRE QUE NOUS NE POUVONS VOIR de Anthony Doerr

Autant attaquer direct : j’ai adoré ce livre… mais…

Ce livre est, ce que les anglais appellent, un page-turner.

Il est totalement addictif. Dès le début, vous êtes pris au piège. Si vous n’avez pas envie de dévorer 704 pages, ne commencez pas !

Pourquoi l’avoir choisi ? Vous allez voir… Je suis d’un prévisible 😫😫😫 !

Déjà, il a reçu le Prix Pulitzer, la récompense suprême et j’adoooore les récompenses (un vrai chien de chasse 🐶).

Ensuite, le titre. Je le trouve magnifique. La promesse d’un récit hors norme et exigeant, avec son lot de souffrances et d’espérances. La perspective d’un mystère plus grand que nous. Au fil du livre, vous saisissez ses multiples sens. Rarement bouquin aura eu un titre aussi juste.

Enfin, le genre. Il s’agit d’un roman historique (l’histoire, ma passion 🤩). Durant la seconde guerre mondiale, l’auteur nous entraîne en Allemagne, des régions minières dévastées à Berlin, et, en France, du Paris occupé à Saint Malo martyrisé.

Bref, au vu de mes penchants et de mes critères de sélection, je jouais la SÉ-CU-RI-TÉ !

Effectivement, je l’ai englouti. Je ne voulais rien faire d’autre. J’ai annulé un déjeuner, veillé jusqu’à deux heures du matin, fait semblant d’écouter Népoux et mes filles (ça aurait pu marcher si Népoux ne me connaissait aussi bien 😤). Je souhaitais que ce livre ne s’arrête jamais tout en étant impatiente d’arriver à la fin.

Tout est fait pour vous tenir en haleine. Une succession de chapitres courts (187) qui raconte deux destins parallèles. Werner, le jeune orphelin allemand, passionné de transmissions et de sciences en général, vite repéré par la Wehrmacht pour son génie. Marie-Paule, jeune française aveugle, dont la curiosité pour la nature est, à la fois, un échappatoire à son handicap et à la guerre qui gronde et emporte tout autour d’elle.

Vous vous projetez totalement dans cette fresque, vous êtes Werner, vous êtes Marie-Laure. Vous croisez toute une galerie de personnages attachants, émouvants, courageux, lâches, abjects ou cruels. Ceux qui se repaissent de violence, de cruauté et ceux qui la subissent. Les bourreaux, les victimes, quelques héros et beaucoup de salauds.

Werner et Marie-Laure sont les lueurs d’espoir dans l’obscurité qui engloutit le monde. Ils représentent la même chose : l’innocence, la bonté, l’humanité, la rareté…

Pendant tout le livre, m’est revenu en mémoire, une phrase de mon professeur de maths de seconde « Toutes droites parallèles finissent inévitablement par se rejoindre à plus l’infini ».

Alors, bordel, quand est-ce que deux destins parallèles finissent par entrer en collision ?

Et pourtant, il y a un « mais »…

OK, cette saga vous embarque, vous êtes immergé dans l’histoire, cueilli par l’émotion. Mais, bon sang, ce n’est pas un Pulitzer, loin s’en faut !

« Véritable phénomène d’édition aux Etats-Unis, salué par l’ensemble de la presse comme le meilleur roman de l’année, le livre d’Anthony Doerr possède la puissance et le souffle des chefs-d’œuvre » !

Du souffle, il en a, mais de là à le qualifier de meilleur roman de l’année et de chef-d’œuvre !!! Si c’est vraiment le cas, on peut dire que l’année 2015 aura été une année noire pour la littérature américaine ! Les critiques ont écrit leur article après un séminaire dans le Beaujolais, pas possible autrement !

C’est rythmé, avec une qualité narrative indéniable. On sent l’amour de l’auteur pour Saint-Malo, le travail de documentation est incroyable. Qu’un américain puisse écrire aussi bien, sur l’Europe en général et la France en particulier, force le respect.

Mais c’est aussi naïf, candide, un peu facile. Une belle histoire, un peu triste, qui répond exactement aux attentes du lecteur. C’est bien ça le problème ! Je n’attends pas d’un livre qu’il réponde uniquement à mes attentes ! Je veux qu’il m’emmène là où je suis incapable d’aller seule, qu’il me fasse grandir. Passer un moment, aussi agréable soit-il, n’est pas une promesse suffisante pour un Pulitzer.

Si je dois le comparer à mes lectures antérieures, je pense aux Piliers de la Terre de Ken Follett ou encore La vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker. Des livres diablement efficaces, de très jolis moments mais pas des chefs-d’œuvre !


L’ALBATROS de Charles Baudelaire

La poésie, cet art si futile et si indispensable.

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage 
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, 
Qui suivent, indolents compagnons de voyage, 
Le navire glissant sur les gouffres amers. 

À peine les ont-ils déposés sur les planches, 
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, 
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches 
Comme des avirons traîner à côté d’eux. 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! 
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! 
L’un agace son bec avec un brûle-gueule, 
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait ! 

Le Poète est semblable au prince des nuées 
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; 
Exilé sur le sol au milieu des huées, 
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. 

IL Y A de Jean-Jacques Goldman

Il y a
Du thym, de la bruyère
Et des bois de pin
Rien de bien malin

Il y a 
Des ruisseaux, des clairières
Pas de quoi en faire
Un plat de ce coin

Il y a des odeurs de menthe
Et des cheminées
Et des feux dedans

Il y a
Des jours et des nuits lentes
Et l’histoire absente
Banalement

Et loin de tout, loin de moi
C’est là que tu te sens chez toi
De là que tu pars, où tu reviens chaque fois
Et où tout finira

Il y a
Des enfants, des grands-mères
Une petite église
Et un grand café

Il y a
Au fond du cimetière
Des joies, des misères
Et du temps passé

Il y a
Une petite école
Et des bancs de bois
Tout comme autrefois

Il y a
Des images qui collent
Au bout de tes doigts
Et ton cœur qui bat

Et loin de tout, loin de moi
C’est là que tu te sens chez toi
De là que tu pars, où tu reviens chaque fois
Et où tout finira

Et plus la terre est aride, et plus cet amour est grand
Comme un mineur à sa mine, un marin à son océan
Plus la nature est ingrate, avide de sueur et de boue
Parce que l’on a tant besoin que l’on ait besoin de nous
Elle porte les stigmates de leur peine et de leur sang
Comme une mère préfère un peu son plus fragile enfant

Et loin de tout, loin de moi
C’est là que tu te sens chez toi
De là que tu pars, où tu reviens chaque fois
Et où tout finira

ECSTASY AND ME de Hedy Lamarr

Je crois que tout le monde a compris que 2019 sera l’année de la teuf mais surtout celle des meufs !

C’est de l’une d’elles dont je vais vous parler. Vous la connaissez tous… sans la connaître 😏. C’est grâce à elle que l’on se sert tous les jours du WiFi ! Et oui, pas grâce à un obscur ingénieur à lunettes (je sais, bonjour le cliché 😱) mais grâce à la plus belle femme du monde !

J’ai découvert Hedy Lamarr grâce aux deux albums LES CULOTTÉES de Pénélope Bagieu. Je ne vais pas vous refaire l’article sur ces deux livres, ni vous dire à quel point je les ai adorés (le lien vers ma critique est ICI). L’un des portraits mettait en avant cette femme au destin exceptionnel. Ce portrait évoquait son métier d’actrice mais valorisait surtout ses talents d’inventrice.

Forcément, quand j’ai appris, il y a quelques mois, que ses mémoires, sorties en 66, étaient rééditées, je me suis ruée dessus (enfin, plutôt Népoux, puisqu’il me l’a offert) ! L’argument principal de vente était aguicheur juste comme il faut : « L’une des dix biographies les plus érotiques de tous les temps » selon le magazine PLAYBOY (j’avais oublié que la critique datait elle aussi de 66 😩) ! Zou ! C’est parti pour l’érotisme !

Ma première réaction a été la surprise. Aucun mot sur ses inventions. Rien ! Nada ! Walou ! Comme si ça n’avait jamais existé, comme si tout n’était qu’affabulation. Je cherche, je feuillète, j’ai dû zapper des passages, des pages sont collées, Pénélope a fumé avant d’écrire son portrait, si ça se trouve Hedy n’a jamais rien inventé… WHAT’S THE FUCK ??!!! Eh bien non ! Ses trouvailles datant de 1942 et n’ayant pas eu de suites au moment où elle écrit ses mémoires , elle a tout bonnement occulté cette partie de sa vie 😱 !

Ma deuxième réaction (oui, je réagis beaucoup 🤪), c’est la déception. N’exagérons pas, ce livre n’a rien d’érotique. C’est une plongée dans le Hollywood des années 40, où, derrière une façade bon teint de puritanisme, le sexe était omniprésent, mais ça, tout le monde le sait.

En revanche, quelle vie ! Une existence flamboyante comme on n’en fait plus !

Une vie augmentée 🤩

Elle naît en Autriche en 1914. Sa beauté, déjà hors normes, lui ouvre les portes du cinéma. Sa première apparition, entièrement nue et mimant un orgasme dans le film EXTASE (d’où le titre de ses mémoires, rien à voir avec la drogue 😉), en 1933, crée un scandale mondial. Présentée à la deuxième Mostra de Venise, l’œuvre choquera Mussolini qui, par la suite et avec l’aide du Pape (toujours là pour vous dire ce qu’il faut faire de votre cul alors qu’il est censé ne rien y connaître 😤😤😤), interviendra sur la ligne et les choix artistiques du Festival.

Mariée (ou plutôt emprisonnée) à l’un des plus grands industriels allemands, sa fuite vers les États-Unis est rocambolesque.

Six maris et autant de divorces plus tard, elle dira que ses périodes les plus heureuses étaient celles entre deux mariages. Proclamée « Plus belle femme du monde », elle séduit les deux sexes. Sa notoriété ayant débuté sur un scandale, elle n’a aucun mal à assumer sa bisexualité. Elle a un culot monstre, ce qui fera d’elle une négociatrice redoutable face aux grands pontes des studios hollywoodiens. À une époque où les actrices étaient façonnées, manipulées, abusées, exploitées, elle se battra pour son indépendance professionnelle, rompant ses contrats et se lançant dans la production, domaine réservé aux hommes.

Ses mémoires montrent une femme au fort caractère, à la répartie cinglante et à la modestie plutôt rare, bref, tout ce qu’on attend d’une star.

Soyons francs, ce livre ne brille pas (mais alors pas du tout !) par ses qualités littéraires, il est même franchement brouillon par endroit, mais il a le mérite d’être divertissant et de se lire facilement. Et puis, quelle femme !!!

Hedy Lamarr, ayez une pensée pour elle la prochaine fois que vous cherchez le WiFi 😉 !

DIRTY DIANA de Michael Jackson

You never make me stay
So take your weight off of me
I know your every move
So won’t you just let me be
I’ve been here times before
But I was too blind to see
That you seduce every man
This time you won’t seduce me
She’s saying that’s okay
Hey baby do what you please
I have the stuff the you want
I am the thing that you need
She looked me deep in the eyes
She’s touchin’ me so to start
She says there’s no turnin’ back
She trapped me in her heart
Dirty Diana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Di-ana, nah
Dirty Diana
Let me be!
Oh no
Oh no
Oh no
She likes the boys in the band
She knows when they come to town
Every musician’s fan after the curtain comes down
She waits at backstage doors
For those who have prestige
Who promise fortune and fame
A life that’s so carefree
She’s says that’s okay
Hey baby do what you want
I’ll be your night lovin’ thing
I’ll be the freak you can taunt
And I don’t care what you say
I want to go too far
I’ll be your everything
If you make me a star
Dirty Diana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Di-ana, nah
Dirty Diana
Dirty Diana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Diana
Diana!
Diana!
Dirty Diana!
It’s Diana! Yeah, yeah
She said I have to go home
‘Cause I’m real tired you see
But I hate sleppin’ alone
Why don’t you come with me
I said my baby’s at home
She’s probably worried tonight
I didn’t call on the phone to
Say that I’m alright
Diana walked up to me,
She said I’m all yours tonight
At that I ran to the phone
Sayin’ baby I’m alright
I said but unlock the door.
Because I forgot the key.
She said he’s not coming back
Because he’s sleeping with me
Dirty Diana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Di-ana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Diana, nah
Dirty Di-ana, nah
Dirty Diana
Come on!
Come on!
Come on!
Come on!

UN BON PETIT DIABLE de la Comtesse de Ségur

Qu’est-ce que j’en ai mangé, des livres de la Comtesse de Ségur…

… mais celui qui m’a le plus marquée est, sans conteste, Un Bon Petit Diable.

D’abord, le livre en lui-même. C’était un ouvrage de la bibliothèque rose, usé d’avoir été lu et relu. Je m’imaginais ma mère et ses sœurs, enfants, se caler dans un coin tranquille pour le parcourir. L’idée de lire la même histoire, les mêmes phrases, les mêmes mots, de tourner les mêmes pages que ces femmes, qui avaient été des petites filles, me procurait un plaisir intense. Comme si je mettais mes pas dans les leurs, comme si ça pouvait me faire grandir subitement, comme si j’étais une petite souris ayant le pouvoir de regarder une scène définitivement disparue. Puis la couverture. Une gravure qui montrait une vieille marâtre à l’air cruel admonestant un jeune garçon aux cheveux roux comme le feu et en kilt (le genre d’image qui peut vous foutre une enfance en l’air ! 🥶). Enfin, le titre : un diable pouvait être bon !

Hormis le pitch – un jeune orphelin est recueilli par une vieille cousine lointaine (une vraie salope, oui 🤡) qui lui fait toutes les misères les plus cruelles possible – j’ai tout oublié. Sauf une seule scène qui est resté gravée dans ma mémoire, tellement l’illustration me terrifiait (je précise que j’avais sept ans et, oui, je suis ultra sensible et émotive ! C’est une fille qui pleure devant La Soupe aux Choux qui vous le dit 😩 ) : l’orphelin décide de se venger des multiples brimades subies. Sachant qu’il va recevoir une correction, il se colle un masque de diable sur les fesses. La vieille lui ordonne de se déculotter (pédophile, en plus) pour le fouetter et hurle de terreur à la vision de Satan sur son cul (petite nature 😏).

Chipie un jour, chipie toujours

J’ai toujours eu une tendresse particulière pour la Comtesse de Ségur, car elle représente mes premières fois.

Ma première méchante. Dans mes histoires pour enfants, il y avait toujours des méchants, mais ils étaient tellement caricaturés qu’ils en devenaient rassurants : ces méchants ne pouvaient pas exister dans la vraie vie. Ce livre changeait la donne pour la première fois. Le personnage de Madame Mac’Miche était tout à fait réaliste, loin du loup du Petit Chaperon Rouge ou du vilain sorcier dans Rahan (j’adooooorais Rahan 😍). C’était juste une vieille femme aigrie, avare, méchante et violente. Et ce « juste » faisait toute la différence et rendait son existence possible dans la réalité.

Ma première confrontation à la violence. Son écriture est très concrète et détaillée. Elle n’édulcore pas les scènes difficiles, de châtiments corporels, de brimades. On n’est pas juste face à une fessée un peu forte ou à une bataille contre un dragon. Elle parle de douleur, de cris, de marques, de souffrances infligées à un enfant.

Ma première révélation. Même si son discours est empreint de morale et de charité chrétienne 😇, ses héros sont de vrais chenapans 😈 ! Les enfants sages comme une image n’y font que de la figuration. Elle sanctuarise l’enfance, son droit à l’insouciance, à la légèreté… et aux conneries ! J’avais enfin l’autorisation : c’était écrit noir sur blanc et par une Comtesse, en plus !!!

Mon plus grand échec (Pas mon premier… et pas mon dernier 😫). J’ai essayé de convaincre mes filles de lire ses livres. Tout y est passé : supplications, chantages, cris, châtiments corporels (mais oui, je déconne 🤪). Rien n’y a fait !

Mais je ne lâche JAMAIS l’affaire 😏 et même si elles sont censées avoir passé l’âge, je reviens régulièrement à la charge !


A CELLE QUI EST TROP GAIE de Charles Baudelaire

Ce poème, issu des Fleurs du Mal, fut interdit car contraire à la morale religieuse et publique.

Ta tête, ton geste, ton airSont beaux comme un beau paysage ;

Le rire joue en ton visage

Comme un vent frais dans un ciel clair.Le passant chagrin que tu frôles

Est ébloui par la santé

Qui jaillit comme une clarté

De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs

Dont tu parsèmes tes toilettes

Jettent dans l’esprit des poètes

L’image d’un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l’emblème

De ton esprit bariolé ;

Folle dont je suis affolé,

Je te hais autant que je t’aime !

Quelquefois dans un beau jardin

Où je traînais mon atonie,

J’ai senti, comme une ironie,

Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure

Ont tant humilié mon coeur,

Que j’ai puni sur une fleur

L’insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,

Quand l’heure des voluptés sonne,

Vers les trésors de ta personne,

Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,

Pour meurtrir ton sein pardonné,

Et faire à ton flanc étonné

Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !

A travers ces lèvres nouvelles,

Plus éclatantes et plus belles,

T’infuser mon venin, ma soeur !

LE GÉNIE DE LA FOULE de Charles Bukowski

Il y a assez de traitrise, de haine, de violence,

D’absurdité dans l’être humain moyen

Pour approvisionner à tout moment n’importe quelle armée

Et les plus doués pour le meurtre sont ceux qui prêchent contre

Et les plus doués pour la haine sont ceux qui prêchent l’amour

Et les plus doués pour la guerre – finalement – sont ceux qui prêchent la paix

Méfiez-vous

De l’homme moyen

De la femme moyenne

Méfiez-vous de leur amour

Leur amour est moyen, recherche la médiocrité

Mais il y a du génie dans leur haine

Il y a assez de génie dans leur haine pour vous tuer, pour tuer n’importe qui

Ne voulant pas de la solitude

Ne comprenant pas la solitude

Ils essaient de détruire

Tout

Ce qui diffère

D’eux

Étant incapables 

De créer de l’art

Ils ne comprennent pas l’art

Ils ne voient dans leur échec

En tant que créateurs

Qu’un échec

Du monde

Étant incapables d’aimer pleinement

Ils croient votre amour

Incomplet

Du coup, ils vous détestent

Et leur haine est parfaite

Comme un diamant qui brille

Comme un couteau

Comme une montagne

Comme un tigre

Comme la ciguë

Leur plus grand art.

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CORPS ET ARMES de Etienne Daho

C’est au-delà de la Pop, c’est bien plus que de la musique… c’est Etienne 😍

Mes apparences ne te trompent pas
Tu perces sous le sourire conquérant
L’ego défaillant
Tu fais voler le vernis en éclats
Et tu démontes le mécanisme complexe
De mes défenses et de mes réflexes

Car tu me vois vraiment
Car tu me vois, tu me ressens
Tel que je suis vraiment
Car tu me vois et tu m’entends

Tu rouvres la cage où, surprotégé,
Je m’étais à double tour enfermé
De peur de t’aimer et de m’engager
Plus d’artifices, ni de lignes floues
Mes plus gros défauts, mes pires faiblesses
Sont pour toi mes principaux atouts

Et je me vois vraiment
Dans le miroir que tu me tends
Tel que je suis vraiment
Alors je cède et je me rends

Pour toi, je dépose corps et armes
Je dépose corps et armes
Au moment où je m’y attendais le moins
Un ange m’est apparu dans un coin
Je dépose corps et armes
Je dépose corps et armes
Tu mets en lumière toutes mes zones d’ombre
à l’intérieur de moi, il faisait froid et sombre

Et je me vois vraiment
Dans le miroir que tu me tends
Tel que je suis vraiment
Alors je cède et je me rends

Pour toi, je dépose corps et armes
Je dépose corps et armes
Tu mets en lumière toutes mes zones d’ombre
à l’intérieur de moi, il faisait froid et sombre

Je dépose corps et armes
Je dépose corps et armes
Je n’oppose aucune sorte de résistance
Tu me fais renaître, je savoure ma chance

Car tu me vois vraiment
Car tu me vois, tu me ressens
Tel que je suis vraiment
Car tu me vois et tu m’entends…

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