J’la connais depuis longtemps, Amélie
Népoux a eu sa période. A chaque rentrée littéraire c’était le même rituel, il cherchait le dernier livre d’Amélie. Il n’avait aucun mal à le trouver vu qu’elle trustait déjà les têtes de gondole chez les libraires, à la Fnac et partout où on vendait des livres.
Elle trustait aussi les émissions TV et, fait rare pour un écrivain, n’était pas cantonnée aux programmes littéraires mais était également invitée aux JT, chez Dechavanne et autres divertissements. La TV a toujours été friande de personnages bizarres, atypiques, capables d’assurer le show et de faire le buzz. Quand, en plus, ils ont du succès, tous les plateaux sont à eux !
Et Amélie était une excellente cliente !
D’abord, son look ! Je le qualifierai de romantico-gothique, tout en noir avec force dentelles et froufrous, sa bouche rouge vermeil et toujours un couvre-chef immense qui me faisait penser à celui du chapelier fou dans Alice au pays des merveilles.
Ensuite sa personnalité, qui était bien plus riche que ce que la télé nous montrait. Non, elle ne se limitait pas à adorer les fruits pourris, mais c’est vrai que son excentricité avait un peu tendance à masquer sa culture, ses influences, son talent et même ses livres !
Justement, ses romans ! Les histoires étaient toujours originales. Je me demandais où elle allait chercher toutes ses idées. C’était facile et agréable à lire, l’intrigue était fluide, le vocabulaire précis et l’écriture resserrée. Aucun mot en trop.
Pas étonnant que ses livres s’arrachent ! Elle balançait un petit vent frais dans le monde feutré des lettres, le tout avec une facilité qui semblait déconcertante.
Népoux et moi, on a fini par se lasser
Au fil du temps et sans qu’on s’en aperçoive, ses sorties littéraires annuelles sont devenues (pour nous) des non événements. Petit à petit a grandi le sentiment, que finalement tous ses livres se ressemblaient même si les histoires étaient différentes.
On lisait ses œuvres de plus en plus vite et on les oubliait de plus en plus vite !
Donc, on a laissé tomber Amélie Nothomb comme une vieille chaussette mais en conservant pour elle une certaine tendresse !
Et puis, cette année, l’envie d’Amélie est revenue !
Le déclic a été La grande Librairie. Elle venait y présenter son dernier roman Frappe-toi le cœur. On a trouvé le personnage toujours aussi attachant, moins loufoque et plus authentique donc on a acheté son livre.
J’aurais dû m’en douter. Népoux l’a lu et ne m’en a pas du tout parlé. C’est mauvais signe ! Comme j’étais moi-même dans d’autres lectures, je n’y ai pas prêté attention.
Puis, je l’ai lu la semaine dernière.
Je vais être dure, ce n’est que mon avis et je ne suis pas une professionnelle des lettres. Je ne comprends aucun des avis dithyrambiques qu’a obtenu ce livre !
Je suis vraiment persuadée que si ce n’était pas Amélie Nothomb, il aurait eu du mal à être publié. Je sais qu’elle écrit à l’os mais là, ce n’est ni sec, ni âpre, comme je l’ai lu dans certaines critiques, c’est paresseux et expédié ! Même l’histoire, qui commence bien, s’appauvrit… jusqu’à la fin, qui n’a aucun intérêt.
C’est dommage car le sujet, passionnant, méritait mieux.
Ce livre a été vite lu et il sera vite oublié. L’a-t-elle vite écrit ?