Cette chronique va partir en cacahuète…
… tellement je ne sais pas par où commencer. Par le commencement, peut-être.
Je connais Emma depuis son passage à la Grande Librairie où elle parlait de son livre « La Maison ». Elle y racontait ses presque deux ans dans une maison close en Allemagne devant un François Busnel médusé et des invités qui se tortillaient entre gêne et shocking.
Moi, j’étais en totale admiration devant une femme aussi jeune parlant librement et naturellement de son expérience de relations tarifées comme elle vous raconterait son dernier après-midi shopping.
J’ai donc lu « La Maison » et j’ai adoré.
Lire « L’Inconduite » était une évidence et je n’ai pas été déçue !
Ce livre est tellement foisonnant et puissant. C’est un choc !
Il s’agit toujours d’une autofiction, mais plus cérébrale. On est dans la tête d’Emma. Elle nous livre crûment ses états d’âme, les envies qui l’assaillent, qu’elle subit, qu’elle essaie d’assouvir (souvent), de comprendre (toujours) et d’intégrer à sa vie, quitte à en changer (je vous avais prévenus que je naviguais à vue 🤪).
Elle vient d’avoir un enfant, vit en couple. Sur le papier, elle est rangée des voitures. Sur le papier seulement. Elle aime trop les hommes, leur corps, leurs désirs, elle aime trop tomber amoureuse, s’imaginer des histoires parfaites.
Emma s’autorise tout
- À parler de sexe crûment.
C’est rare, une femme qui parle de sexe. Le sexe, c’est l’apanage des hommes depuis la nuit des temps. Les femmes parlent de sentiments. Il y en a eu, bien sûr, quelques-unes qui s’y sont risquées (Régine Desforges, Catherine Millet…) mais ce sont des exceptions qui confirment la règle. Quand elles parlent sexe, elles sont vite cataloguées nymphomanes ou putains.
Et quand, en plus, elles sont sont mères, alors là, c’est un strike, on touche au sacrilège ! Mère ou putain, il faut choisir.
- À se livrer sans aucun filtre.
J’ai rarement vu une franchise aussi déroutante. Elle dit tout ce qu’on cache habituellement : son aliénation pour le désir des hommes, ses faiblesses, ses renoncements, ses maladresses, ses humiliations. Elle n’occulte rien, comme si le plaisir continuait dans l’analyse de tout ce qui a foiré. S’y complaire parce qu’inconsciemment c’est ce qu’on voulait, ce qu’on attendait.
- À s’arroger le statut d’écrivaine, de femme libre et de mère
Elle ne renonce à rien et n’attend la permission ou l’adoubement de personne.
Ce livre est grand
Certains n’y verront qu’un livre de cul. Quel dommage !
La portée de son récit est multiple et s’attaque à plusieurs tabous :
- en libérant la parole autour du sexe, du corps des hommes, Emma est féministe.
- en s’emparant du statut de mère, Emma est féministe.
- en s’arrogeant le titre d’écrivaine, Emma est féministe.
- en exigeant du temps et un lieu pour elle, Emma est féministe.
- en acceptant ce qu’elle est et d’où elle vient, Emma est féministe.
Ce n’est pas tant ce qu’elle dit (enfin un chouïa quand même 🤪) mais qu’elle s’autorise à le dire qui rend Emma féministe et libre.
Seul bémol, parfois, le récit est un peu foutraque ou avec quelques longueurs. Rien de grave, je suivrais Emma n’importe où 🤪.
Et puis, elle est drôle, mais drôle !
Alors, un livre qui parle des femmes, qui parle aux femmes, qui fait avancer leur cause et qui en plus fait rire… Quoi de mieux pour démarrer 2023 ? Un nouveau livre d’Emma, pardi !
Super ! Tu donnes vraiment envie de lire les livres d’Emma ! Bonne année Madame La Bibliothécaire 😘 Amicalement. Carole
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Merci ! Bonne année à toi 😘
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